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Ce même jour à 16h45, saisi par la famille d'une des sept victimes assassinées, le tribunal de Grande instance de Paris décidait de supprimer, avec l'accord de France Télévision, une scène où l'on aurait vu un acteur jouant Mohamed Mehra tuer à bout portant avec un pistolet le soldat Imad Ibn Ziaten, l'une des victimes, représentée par un autre acteur. "C'est la télé, il faut bien des images" se défend le réalisateur. Mais était-ce le seul problème à traiter? Oui, pour le tribunal qui ne pouvait interdire la représentation des autres meurtres, car les autres familles ne le demandaient pas, et ne pouvait pas, en l'état de notre droit, interdire purement et simplement l'émission, ce qui lui était demandé seulement par un requérant sur les six.
Selon la Cour européenne des droits de l'homme, la liberté de la presse ne peut être limitée que pour des contraintes "nécessaires à une société démocratique". Ce principe de liberté étant respecté à juste titre par les juges de Paris, restent les questions "La liberté, pour quoi faire?" et "à quoi et à qui sert ce genre d'émission?". Certes, le journaliste de télévision travaille pour l'information des téléspectateurs. La liberté d'informer rejoint celle d'être informé. Mais là encore, pour quoi et comment faire? Informe-t-on par civisme ou par intérêt particulier? À qui s'adresse-t-on? Cette information est-elle assurée dans l'intérêt de ceux qui regardent, de ceux qui sont parties prenantes aux événements qui sont l'objet de l'émission, ou encore pour la défense d'une société démocratique?
Ou bien l'idéal démocratique se trouve-t-il remplacé par ceux du spectacle, du profit, de la reconnaissance professionnelle pour des exploits de réalisation, et de l'audimat? La liberté de commenter appartient aussi aux téléspectateurs.