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"La position de l'État d'Israël serait plus forte si Israël était prêt, comme l'a fait Ariel Sharon, à des concessions douloureuses pour un compromis avec les Palestiniens", affirme le philosophe qui pense au "démantèlement unilatéral d'un certain nombre d'implantations". "Si ce mouvement existait, Israël serait mieux écouté", selon lui. "Israël doit se faire entendre, mais Israël ne prend pas tous les moyens pour ce faire", déplore Alain Finkielkraut.
Les Juifs sont les racistes des antiracistes
L'intellectuel aborde ensuite avec inquiétude la situation des Juifs et de l'antisémitisme en France. Son constat est clair: "la nouvelle langue de l'antisémitisme, c'est l'antiracisme", affirme-t-il. Il explique que ce sont les Juifs qui sont aujourd'hui pointés du doigt par les antiracistes, car ces derniers, manipulés par les mouvements radicaux, associent le sionisme au racisme.
"Les Juifs sont qualifiés de racistes et cela procède de l'identification du sionisme au racisme. On a le droit d'être antisioniste, on a le droit de penser que ce projet n'était pas légitime, je suis évidemment totalement hostile à une telle idée, elle a lieu d'être, mais là où l'antisionisme devient particulièrement pervers, c'est quand il dénonce Israël comme un État raciste", souligne-t-il. Et Finkielkraut donne alors l'exemple de la mésaventure qui lui est arrivée en venant aux studios parisiens d'i24news.
"J'arrive de Copenhague. À l'aéroport, je suis interpellé par un chauffeur de taxi, visiblement arabe, qui me traite de raciste. Je l'insulte à mon tour, car je suis très choqué. Il s'approche de moi en me disant: vous êtes raciste et je vous fais une quenelle", raconte le philosophe. "Il m'avait reconnu pour ce que j'étais et me faisait une quenelle parce que je suis juif".
Alain Finkielkraut analyse ainsi la situation après l'affaire Dieudonné qui, selon lui, "continue à faire des ravages et a laissé des traces", craignant que ce phénomène aille croissant parmi les jeunes "qui estiment qu'une atteinte a été portée à la liberté d'expression".
"La quenelle reste le signe de ralliement des antisémites d'aujourd'hui et ils se sentent d'autant plus légitimes que précisément ils peuvent, avec la quenelle, dénoncer ce qui leur apparaît comme le racisme des Juifs", souligne-t-il. Et de déplorer: "Il est donc très douloureux de constater que nous devons combattre l'antisémitisme comme une pathologie de l'antiracisme et non pas comme un racisme parmi d'autres". Selon lui, "la leçon de l'affaire Dieudonné c'est qu'une certaine France Black-Blanc-Beur a été cimentée par cet antisémitisme"… Lire la suite.