Tribune
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Publié le 28 Avril 2014

Ilan Halimi, otage de la barbarie en France

Tribune d’Annette Lévy-Willard publiée dans Libération le25 avril 2014

Alors que la France se réjouit du retour des journalistes kidnappés en Syrie, plusieurs films reviennent aujourd'hui sur l'assassinat de ce jeune juif en 2006.

 

Ils reviennent dans l’actualité, les otages. C’est la joie à l’air libre en ce mois d’avril, de voir revenir vivants et plutôt en bonne santé nos quatre journalistes qui ont vécu un calvaire de 10 mois dans des trous syriens, enterrés par un groupe de l’Etat islamique d’Irak et du Levant (EIIL). Et c’est la tristesse de l’otage qui n’est pas revenu, d’apprendre la mort d’un homme qui n’avait pas la chance d’un comité de soutien bruyant et déterminé, Gilberto Rodrigues Leal, tué quelque part dans un désert malien par le Mujao (Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest). Sa famille a trouvé «qu’on avait oublié qu’il y avait deux otages en Mali.» Il en reste un.

Tous enlevés par des barbares contemporains qui croient aux lapidations, tortures, viols, exécutions, immolations, exterminations au nom d’une idéologie monstrueuse, de pseudo guerres saintes.

Un autre otage n’a eu lui aussi qu’une publicité post-mortem, trop tard pour le sauver d’une barbarie moins «politique» qui s’est surpassée dans la cruauté. L’enlèvement d’Ilan Halimi en plein Paris en février 2006, n’est entré dans l’histoire de France que progressivement, comme s’il avait fallu du temps pour que ce «fait divers» devienne un traumatisme collectif.

Cette fois les barbares ne sont pas au Mali, en Centrafrique, au Soudan du Sud, l’otage n’apparaît pas dans une vidéo agenouillé devant un drapeau, encadré par des miliciens armés et masqués, mais il était enterré, comme les autres, dans un trou sans fenêtre. Pas dans la Syrie bombardée ou l’Afrique des guerres civiles, ni dans l’Irak d’autrefois, Ilan Halimi, jeune homme de 23 ans, vendeur de téléphones, était tout simplement enterré vif rue Serge-Prokofiev, dans un immeuble de la cité de la Pierre-Plate, à Bagneux (Hauts-de-Seine), parce qu’il avait été dragué par une fille-appât. Pendant 24 jours il a été torturé, affamé (il serait en fait mort de faim), brûlé, mort-vivant arrosé de White Spirit au bord d’une route de banlieue parisienne… Lire la suite.