Tribune
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Publié le 8 Mars 2013

Ils sont tous antisémites… et ils en sont fiers !

 

Par Victor Perez

 

Ce qui est sûr est que sur Médiapart les mots ne font pas peur ! Koszayr est l’un des blogueurs de ce site et dans un papier intitulé « Nous sommes tous antisémites... et fiers de l'être ! »  (1) il affirme que « ceux et celles qui osent jeter leurs pauvres mots et leur indignation au sujet de l'État d'Israël ses crimes de guerre contre la Palestine et les Palestiniens » sont des antisémites. Pour se donner du poids, dans le corps de son texte sont cités « Stéphane Hessel,  Edgar Morin, Pierre Péan et Philippe Cohen, Daniel Mermet, Hugo Chavez, Pascal Boniface, Jacques Bouveresse, Charles Enderlin, Pierre Bourdieu, José Bové... tous ceux-ci tour à tour suspectés ou accusés d’antisémitisme ». 

 

En face se trouveraient donc, selon lui, « la propagande des intellectuels de plateau (Pierre Taguieff, Alain Finkielkraut, Ivan Rioufol, Alexandre Adler, Philippe Val, Bernard-Henri Lévy) », mais aussi « Les militants du CRIF,  de la Ligue de Défense Juive (LDJ), ou de l'Union des Étudiants Juifs de France (UEJF) ou leurs affidés » qui pour eux « L'attribution d’antisémitisme, c'est en fait comme une étoile jaune, l'insulte pavlovienne préférée des sionistes attachés à la solution finale contre les Palestiniens ».

 

Rien de moins !

 

Au premier abord, ce qui détonne dans ces affirmations est de voir côte à côte le CRIF, l’UEJF et la LDJ, de sensibilités politiques différentes, mais aussi Ivan Rioufol, et BHL faire le même constat sur ces antisémites. Des sympathies politiques divergentes qui excluent donc le parti pris et renforcent, en conséquence, l’authenticité de la condamnation.

 

Mais pour se faire une juste opinion, rien de mieux que d’analyser les raisons de leurs ‘’fiertés d’être antisémites’’ !

 

Ainsi, il est dénoncé dans cette diatribe devant justifier l’antisémitisme « la cruauté de l’État d'Israël à l'égard des Palestiniens et plus particulièrement à Gaza et dans les territoires occupés ».

 

Comment peut-on jauger de cette ‘’cruauté’’ sinon en la comparant à d’autres ? L’a-t-il fait ? Évidemment que non !

 

Pour ne citer qu’un seul exemple, a-t-il comparé la ‘’cruauté’’ d’Israël et celle qui a cours actuellement en Syrie ? Les ‘’Palestiniens’’ sont-ils plus à plaindre que leurs ‘’frères’’ de Syrie malmenés par les dirigeants de ce pays ? Les opposants syriens, eux-mêmes, sont-ils mieux traités ? L’État juif s’est-il un jour conduit de cette façon cruelle ?

 

Ces derniers rétorqueront que la cruauté des uns n’excuse pas celle des autres. Ce qui est exact. Mais l’État juif a-t-il seulement attaqué lorsqu’il n’était pas en état de légitime défense ? Bien sûr que non ! De 1948 à l’opération Pilier de défense de 2012 les réactions de ce pays ont toujours suivi les agressions subies. Le nombre de morts depuis l’origine de ce conflit s’élève à cinquante et un mille (2). En deux années, l’ONU recense plus de soixante-dix mille morts en Syrie.

 

Cruauté israélienne attestent-ils ? Seuls Koszayr et ses amis le pensent. D’où les graves suspicions à leurs égards.

 

Ceux-ci se défendent également en réclamant le droit à la libre critique d’Israël. Critique qui est légitime s’il elle n’est pas tachée d’antisémitisme. C'est-à-dire, selon la définition du Larousse en ligne  (3) qui ne se transforme pas en une « Doctrine ou attitude systématique de ceux qui sont hostiles aux juifs et proposent contre eux des mesures discriminatoires ».

 

Il y a-t-il de la systématicité de leur part ? À lire, par exemple, les titres des cinquante-trois billets du blog de Koszayr (4) il n’y a pas de doute.

 

« Un rendez-vous pour le CRIF et la LJD ce soir » ; « "The gatekeepers" (en français "Israël Confidential) » ; « 2013 l'année de l'État Palestinien ? Bonne année alors ! » ; « 7 ans de prison pour délit d'intention » ; « Haaretz et la démocratie israélienne » ; « Une première : une association israélienne porte plainte contre Israël devant l’ONU » ; « À quand la fin de l'impunité d’Israël ? La crédibilité des institutions internationales » ; « Israël au ban des nations civilisées ? » ; « Israël et les États-Unis contre le monde entier » ; « Nous refusons de mourir en silence ».

 

Sauf oubli, soit dix articles consacrés à condamner Israël et ses soutiens sur une totalité de cinquante-trois, écrits du trente août 2010 à ce jour.

 

Ce n’est plus une critique, mais une obsession ! Une monomanie commune aux sympathisants de gauche et d’extrême gauche. La liste amie citée par Koszayr en est la fidèle démonstration.

 

Pour conclure sa tentative de justification, celui-ci demande à « Alain Rey et à l'Académie française de vite changer le dictionnaire sur ce mot. Il y a urgence ! ».

 

On le comprend. Être perçu comme antisémite donne une image nauséeuse de soi.

 

Victor Perez ©