Tribune
|
Publié le 23 Octobre 2012

Israël et la communauté juive face aux médias

Par Dan Bendavid

 

Les pratiques discriminatoires et antisémites de toute nature, appelant à la haine raciale, mettant systématiquement en cause Israël et la communauté juive, perdurent depuis trop longtemps. Cette situation alimentée par un traitement inéquitable de l'information ainsi que par des émotions médiatiques sélectives s’agissant d’autres pays de la région, aux conséquences communautaristes dévastatrices, apparait très critiquable moralement.

Du meurtre sordide d’Ilan Halimi en passant par les centaines d’agressions subies chaque année par nos coreligionnaires autour de nos  synagogues jusqu’ au crime horrible des enfants de l’école d’Ozar Hathorah de Toulouse, ainsi qu’au démantèlement du dangereux gang  terroriste de Strasbourg dont  l’imminence  d’attaques visant des institutions juives a été avortée de justesse, la communauté juive française subit désormais une spirale d’ escalade de violence et de mise en danger d’une partie de ses membres, que les  pouvoirs publics sont bien incapables d’endiguer et de protéger efficacement sur tout le territoire.  En quelques décennies, l’occultation, la minimisation et la dénaturation des actes répréhensibles, qui ont précédé cette  criminalité  odieuse, ont engendré un processus inouï de  banalisation de la délinquance antisémite  qui s’est subrepticement incrusté dans une partie de la  conscience nationale. Les effets secondaires pervers liés à l’instrumentalisation médiatique du conflit israélo-arabe, qui finira par trouver  sa résolution temporelle propre, traduisent  une forme d’injustice croissante envers une communauté millénaire, par ailleurs parfaitement intégrée, et compromettent gravement les  valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité, auxquelles nous sommes profondément attachés.

 

Géographiquement, Israël ne dispose en moyenne, sur une partie de son unique terre ancestrale, que  de 20 000 km2  pour ses huit millions d'habitants dont le tiers est arabe, ce qui représente 400 habitants au Km2. Les vingt et un pays arabes qui pour la plupart la lui contestent, occupent quant à eux d'immenses espaces vierges sur près de 16 millions de km2 pour 340 millions d'habitants, et ne sont que 22 habitants au km2, sur des frontières arbitrairement tracées  lors de la  décolonisation. Ainsi réduit à l’échelle du monde à la taille d'un timbre-poste, Israël n'a donc rien à offrir en partage, sauf la paix et la prospérité pour tous les hommes de bonne volonté.

 

Dans cette perspective d’affaiblissement démocratique, liée à l’information partielle et à la manipulation fréquente d’événements visant à traiter injustement Israël par rapport à ses voisins et par suite, à fragiliser toute la communauté juive française, ne faut-il pas s’interroger sur les auteurs intrinsèques de cet acharnement qui foulent allégrement nos libertés fondamentales sans jamais en rendre compte? Certains journalistes se sont en effet emparés du pouvoir de communiquer de façon partiale et tronquée, s’agissant d’Israël. Ces errements médiatiques contribuent indirectement à déstabiliser nos paisibles communautés, qui craignent désormais pour leurs enfants confiés sans protection aux écoles, et qui sont devenus bien malgré eux les boucs émissaires d’un terrible enjeu de civilisation.

 

Ces intolérables manquements à une information juste et équitable ainsi que notre droit à une légitime sécurité, engendrent une dislocation de nos valeurs de liberté et de justice et sapent notablement les fondements démocratiques d’une société civilisée.

 

Dan Bendavid (1)

Docteur en monnaie, finance et banque

(1)Auteur d’une trilogie romanesque intitulée Au Nom du Père, Au Nom du Fils et Ainsi soit-il! Publiée aux Editions Thélès.