Tribune
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Publié le 28 Avril 2014

Jean-Paul II et les juifs

Tribune de Théo Klein, avocat, ancien Président du Conseil Représentatif des Institutions Juives de France publiée sur Croire le 16 février 2014

Jean-Paul II aura sans doute été le Pape le plus catholique, dans le sens de la vocation de cette Église qui se veut universelle et accueillante, à mi-chemin entre l'homme et Dieu.Publié le 24 avril 2014.

Ce Pape aura sillonné le monde, interpellé les peuples dans un déploiement de couleurs, de symboles, à travers des mises en place et en perspective grandioses de nature à capter l'attention et à entraîner les foules dans une adhésion d'enthousiasme plus que de réflexion.

Il aura, admirablement, interprété cette volonté (ou cette tentation) de se situer, tout au long de sa vie et jusque dans sa longue agonie et sa mort, à la fois au-delà et parmi les hommes qu'il interpellait au nom du Fils, avant tout, du Père, aussi bien sûr, et, finalement, de Marie-Myriam, cette mère juive vouée à l'éternité du souvenir et de l'exemple.

Il n'y a dans ces réflexions, de ma part, aucune condamnation. Bien au contraire, Jean-Paul II aura accompli cette tâche exaltante et si harassante de n'être jamais pareil à nous, égal à nous, et pourtant de se vouloir, de se sentir humble parmi les hommes.

Certains rappellent ? Ou rappelleront ? Chez ce Pape, une sorte d'incapacité à saisir ou à accepter l'évolution qui a commencé à libérer la femme d'une forme de servitude qui se disait bienveillante, mais demeurait abusive ; il se refusait au mariage des prêtres, comme à la l'accession des femmes à la prêtrise, les abandonnant aux rites bienheureux des couvents ; un manque d'ouverture aussi dans les débats touchant à la morale familiale.

Il est vrai que les évolutions et, a fortiori, les révolutions ne sont guère appréciées là où l'ordre hiérarchique est considéré ? Je n'ose dire comme crucial ? Mais, à l'évidence, comme fondateur. Pourtant, cette vocation du Pape à dire la Vérité de l'Église, si elle ralentit souvent les évolutions, peut parfois les accélérer, ce que l'un de ses prédécesseurs, Jean XXIII avait démontré avec Vatican II.

Ainsi, la foi, et plus largement la spiritualité, dès lors qu'elles s'inscrivent dans les plans d'une institution religieuse ou d'une école de pensée, perdent un peu ou beaucoup de leur spontanéité. Je le sais bien, alors que la religion que je connais le mieux, et dont l'enseignement se fonde sur le questionnement, s'enferme dans le rituel et se refuse à la marche du temps et à la manière de le vivre.