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Un cas de discrimination particulièrement criante concernait les Juifs apatrides d’origine allemande. Le Gouvernement d’Hitler avait décrété quiconque fuirait l’Allemagne perdrait automatiquement sa nationalité. Après la guerre, le Gouvernement hollandais a décidé de ne pas reconnaître la validité de la législation imposée par Hitler. Les réfugiés d’Allemagne, de fait, apatrides – dont la majorité était juive – redevenaient des citoyens allemands et étaient traités comme des nationaux allemands.
Les autorités néerlandaises, par une logique devenue folle, considéraient, à présent, ces prétendus Juifs allemands rejetés comme des « citoyens ennemis ». Plus d’une centaine de ces survivants juifs revenant de Bergen-Belsen, ont été arrêtés à la frontière hollandaise. Dix-huit ont été internés dans un camp, avec des collaborateurs néerlandais et des membres de la SS arrêtés. Ils devaient travailler dans une carrière de gravier et étaient frappés comme les autres, par des gardes hollandais. Lorsqu’ils s’en sont plaints à l’officier commandant le site, celui-ci leur a rétorqué qu’il n’était pas l’ami des Juifs. Il a, ensuite, fait en sorte que les Juifs, qu’il considérait comme des gens difficiles à mener, doivent travailler encore plus dur. Ce n’est que bien plus tard qu’il s’est fait renvoyer. Les biens subsistants de ces survivants ont été confisqués et redistribués au titre de la propriété de l’ennemi. Cela a pris énormément de temps à leurs avocats pour pouvoir les récupérer.
Les écrivains juifs rappellent souvent leurs expériences négatives, aux Pays-Bas libérés. Gerhard Durlacher , un survivant d’Auschwitz, a écrit qu’ils étaient plus traités comme de la marchandise, plus que comme des passagers. Quand il a demandé à l’ancien voisin de ses parents s’il restait quoi que ce soit des biens de leur famille, on lui a répondu par la négative, alors même que ce voisin portait le costume du père de l’auteur.
Avant la guerre, la communauté juive organisée était régulièrement consultée par le gouvernement, quels que soient les intérêts en jeu. À présent, la communauté était si réduite qu’on n’entendait même plus parler des problèmes particuliers la concernant. Par exemple, une commission désignée par le gouvernement, qui devait s’occuper des indemnisations pour les préjudices subis par les bâtiments religieux, ne comportait aucun membre juif, quand bien même aucune autre communauté n’avait été victime d’autant de dégâts contre ses lieux de culte… Lire la suite.