Tribune
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Publié le 27 Juin 2014

La guerre civile syrienne, une menace planétaire

Par Ban Ki-moon, Secrétaire général des Nations Unies, publié dans le Huffington Post le 27 juin 2014

La Syrie continue à s'enfoncer dans une terrible guerre civile qui déborde ses frontières. Une froide évaluation semble aujourd'hui prévaloir: il n'y aurait pas grand-chose à faire, si ce n'est armer les différentes factions et regarder le pays s'embraser. Mais la communauté internationale ne doit pas abandonner la population syrienne, ni la région tout entière, à ses horreurs et ses crises incessantes.

Le conflit a déjà probablement fait plus de 150.000 morts. Les prisons et les centres de détention provisoires regorgent d'hommes, de femmes et même d'enfants. Les exécutions sommaires et la torture indicible sont monnaie courante. Les gens meurent aussi de faim, ou victimes de maladies infectieuses que l'on croyait éradiquées. Des villes entières et quelques-uns des plus beaux vestiges architecturaux et culturels de l'humanité sont en ruines. La Syrie est aujourd'hui un État en déliquescence avancée.

Les Nations Unies se sont efforcées de mettre en lumière les racines profondes du conflit et leurs conséquences dévastatrices. Nos efforts, notamment humanitaires, sauvent des vies et atténuent les souffrances, mais nous n'avons pas atteint notre objectif fondamental, celui de mettre fin au conflit. Les maigres perspectives de paix se sont encore amoindries depuis que l'Irak est secoué par une explosion de violence et un regain de tensions communautaires. La cohésion et l'intégrité de deux pays majeurs, et non plus d'un seul, sont aujourd'hui en jeu.

Les six propositions ci-dessous peuvent dessiner les bases d'une approche raisonnée et intégrée:

Premièrement, mettre fin aux violences. Il est irresponsable de soutenir militairement l'une ou l'autre faction quand celles-ci se rendent coupables d'atrocités ou violent délibérément les principes fondamentaux de la dignité humaine et du droit international. J'ai demandé instamment au Conseil de sécurité d'instaurer un embargo sur les livraisons d'armes. Les parties en présence finiront un jour par négocier. Combien faudra-t-il de morts avant qu'elles se décident à le faire?

Deuxièmement, protéger les populations. Les Nations Unies continuent d'apporter une aide humanitaire conséquente à la Syrie. Mais le gouvernement continue d'imposer des restrictions déraisonnables: il a ordonné la saisie automatique de tout matériel médical, et délibérément affamé et puni collectivement les populations accusées de sympathie envers l'opposition. Quelques groupes rebelles ont également agi de la sorte. De plus, la communauté internationale n'a jusqu'ici fourni qu'un tiers des fonds nécessaires à cette aide humanitaire. Je renouvelle mon appel afin que nos convois puissent accéder sans entraves aux populations assiégées, par delà les lignes de front et les frontières du pays… Lire la suite.