Tribune
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Publié le 20 Décembre 2013

Les talibans de Bangui

Par Alain Bauer et Alain Juillet

 

Alain Bauer est professeur de criminologie à Paris, New York et Beijing. Alain Juillet est président du Club des Directeurs de Sécurité Des Entreprises (CDSE).

 

Les expéditions post-coloniales ont toujours un petit goût d'incertitude et d'aventure. Pour les meilleures raisons humanitaires, la plupart des critiques de l'impérialisme des années 60/70 se sont fait les chantres d'un interventionnisme parfois débridé.

Opérations de maintien de l'ordre ou de la paix, forces d'interposition, de rétablissement de la légalité électorale, de lutte contre le terrorisme... Les néologismes de la bonne conscience s'appuyant régulièrement sur la méconnaissance de la réalité du terrain n'ont guère manqué, au Kosovo, en Afghanistan, en Irak, en Libye, en Cote d'Ivoire, au Mali et depuis peu en Centrafrique. Pour le meilleur et pour le moins bon.

 

Si, souvent, l'ennemi était à peu près clairement identifié (quoique souvent sous-estimé ou mal analysé), il semble que la situation soit d'une tout autre nature à Bangui.

 

En effet, la Seleka, loin d'être une hétéroclite coalition de va-nu-pieds prête à se disloquer à tout moment, ressemble bien plus à un dispositif de talibans ayant conquis un pouvoir politique longtemps refusé à une élite économique minoritaire. On ne peut comprendre ce qui se passe si l'on oublie la longue domination sans partage des 80% de chrétiens sur les 20 % de musulmans. L'actuel Président de la République Michel Djotodia, longtemps expatrié en Union Soviétique puis au Soudan, est un cadre très expérimenté, rompu aux opérations de rébellion et aux situations de crise, qui est parfaitement capable de se maintenir au pouvoir tout en jouant des ficelles apprises en exil… Lire la suite.