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Vidée de ses habitants, Maaloula, symbole de la chrétienté, est aujourd’hui dans un piteux état. En septembre dernier, des rebelles de l’armée syrienne libre (ASL) et des jihadistes de Jabhat al-Nosra y ont mené une attaque. A l’époque, la nouvelle a fait le tour du monde : situé à 55 kilomètres de Damas, Maaloula a abrité certains des premiers croyants persécutés pour leur foi. De nombreux habitants de Maaloula parlent encore l’araméen, la langue du Christ.
Les circonstances dans lesquelles la ville a été attaquée restent cependant floues. On sait que le 4 septembre, vers 6h10, un kamikaze jordanien, Abu Haytham al-Urduni, s'est jeté au volant de sa voiture sur le check-point situé à l’entrée de la ville. Une énorme explosion, revendiquée par Jabhat al-Nosra, a retenti et emporté la vie d’une dizaine de soldats (voir vidéo ci-dessous à partir de 17') :
Mais contrairement à ce qui a été dit dans les médias, l'objectif des rebelles n'était pas forcément de prendre le contrôle de Maaloula. Ils visaient plutôt le contrôle de la route menant de Damas à Homs. C'est en tout cas ce que nous a affirmé un combattant du groupe « Les syriaques libres », dont la trentaine de membres - la plupart chrétiens de Maaloula et des environs - a participé à l’attaque. Pour y parvenir, deux autres barrages étaient visés : « La deuxième explosion n’a pas été assez forte, des renforts de l’armée sont vite arrivés, on a dû rebrousser chemin ». Si Jabhat al-Nosra a participé à l’attaque, le principal groupe de rebelles présent était « Le Front de libération de Qalamaoun », affilié à l’ASL.
Ce qui ressemble à une opération militaire ratée aurait pu s’achever sur ce repli. Des éléments radicaux sont cependant entrés dans Maaloula après l'explosion du check-point, ce qui, selon le combattant des « Syriaques libres », n’était pas prévu. Marah a assisté à l'attaque de son balcon. « J’ai reconnu parmi eux des habitants de Maaloula mais il y avait aussi des étrangers qui n’étaient pas arabes », témoigne-t-elle. Selon cette habitante, les hommes ont crié au haut-parleur que les habitants devraient se convertir à l’islam s’ils ne voulaient pas être tués. « Ils ont aussi tiré sur des maisons et ont fini par quitter la ville », ajoute-t-elle.
Comme la plupart des femmes et enfants de Maaloula, Marah a fui le soir même à Damas. Sarkis, son mari, est lui resté à Maaloula : il est membre du comité national de défense, milice pro-régime armée par ce dernier. « Le 5 septembre, les rebelles sont revenus à Maaloula », dit-il. « Nous nous sommes battus contre eux et l’armée a bombardé leur base dans la montagne ». Blessé par balle, Sarkis a été évacué. Le 7 septembre, les rebelles ont lancé une dernière attaque, entraînant la mort de trois civils ayant refusé de se convertir. Les miliciens prorégime ont quitté la ville le même jour : « On n’était pas assez nombreux pour combattre les rebelles »… Lire la suite.