Tribune
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Publié le 8 Novembre 2013

Nucléaire iranien : restons méfiants !

Pour la romancière française d'origine iranienne, Chahdortt Djavann, Téhéran n'a nullement renoncé à acquérir la bombe atomique et pratique un double jeu.

 

Les récentes négociations sur le programme nucléaire iranien se poursuivent à Genève. Pas d'emballement! Sur le fond, il n'y a pas eu d'avancée spectaculaire jusqu'ici. On nous a donné cependant quelques informations d'une précision confondante sur l'épisode précédent: l'atmosphère était bonne, la mise en scène, soignée, les Iraniens s'exprimaient dans un anglais parfait… La Maison-Blanche a jugé «utile», «sérieuse» et «substantielle» la contribution des Iraniens. Voilà qui a de quoi inspirer confiance, même si rien ne nous est dit de cette contribution. Catherine Ashton a confirmé que les «détails» du plan présenté par le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Zarif ne seront pas évoqués en public. Intolérable suspense: on aurait voulu nous faire croire que ce plan était résolument inattendu qu'on ne s'y serait pas pris autrement. Zarif a encouragé cette interprétation en parlant d'«espoir» et d'une «nouvelle phase». On peut d'ailleurs dire qu'il a payé de sa personne, Zarif, puisque de violentes douleurs dorsales l'ont obligé à se déplacer en fauteuil roulant. Ses douleurs, selon son entourage, résultaient du stress suscité par les critiques des conservateurs hostiles à son ouverture vis-à-vis des Occidentaux.

Zarif admet qu'on doive répondre à toutes les préoccupations, même s'il ne voit pas ce qu'il peut y avoir de préoccupant dans le programme nucléaire iranien! Une seule chose le tracasse: les détails. Le diable est dans les détails, dit-on parfois. Ce doit être aussi son avis. La nouvelle équipe répète la même chanson: «L'Iran ne renonce pas à ses droits». Le reste n'est que détails: levez les sanctions et nous enrichirons un peu moins l'uranium ; faites des inspections par surprise, mais prévenez avant. Chut! On a décidé de ne pas parler des détails en public. On nous apprend quand même que, le 15 octobre, Zarif avait refusé le principe d'inspections-surprises des sites nucléaires, et que le lendemain il l'avait accepté. Attendons maintenant le jour où la demande sera rejetée par les «ultraconservateurs» qui désapprouveront Zarif, qui n'en a certainement pas fini avec ses douleurs lombaires... Lire la suite.