- English
- Français
Ce n’est pas la première fois qu’Israël tente une démarche innovante contre le va-t-en-guerre iranien qui menace la paix du monde. Entre la cyberguerre avec piratages informatiques et kits d’espionnage façon inspecteur Gadget dont le virus Stuxnet n’est qu’un exemple, les kidnappings et les éliminations ciblées, les Services secrets (israéliens ou pas) ont de beaux jours devant eux. Toutes ces péripéties sont autant de tentatives d’Israël qui visent à ralentir le programme nucléaire iranien sans porter atteinte aux populations civiles.
Des populations civiles qui ne pèsent guère aux yeux de certains dirigeants et esprits politiques au Proche-Orient. En effet, le cours de la vie s’est fortement dévalué ces temps-ci en Syrie et le Hezbollah, allié d’Ahmadinejad et de Bachar Al-Assad, trempe une main sanglante dans le massacre de la population syrienne — saluons au passage l’impuissance de l’ONU et le grand silence des ONG. Après deux ans de tuerie, où est la courageuse flottille pour les enfants de Syrie, voire pour les camps de réfugiés syriens en Turquie ou en Jordanie ?
L’Iran soutient le terrorisme, et le Hezbollah est son bras droit. Implanté dans le sud du Liban, cette organisation terroriste sape les fondements de l’État libanais, elle participe au gouvernement, mais possède sa propre armée. Faut-il laisser ces assassins en liberté ?
Liban-Syrie-Jordanie-Israël : C’est une région où les frontières se chevauchent de toutes parts, où tout le monde se marche sur les pieds. Vingt-et-un observateurs de l’ONU au Liban ont été enlevés sur le Golan le 6 mars dernier par des rebelles syriens qui les ont relâchés le 9… en Jordanie.
Le 18 juillet 2012, c’est en Bulgarie que le terrorisme a débarqué sur les côtes européennes, télécommandé par l’Iran. Ainsi, l’été dernier, le Hezbollah a importé sur notre continent ses méthodes sanglantes, un attentat-suicide tuant à Burgas cinq vacanciers israéliens (dont une femme enceinte) et un Bulgare, le chauffeur du car. Certes, comparé aux deux attentats de Buenos Aires, en 1992 en 1994, qui ont fait 29 et 84 morts et, à chaque fois, plus de 200 blessés, c’est un chiffre modeste. Mais la Bulgarie est membre de l’Union européenne depuis 2007, cet attentat a eu lieu sur son territoire, et ne pas réagir serait sans aucun doute un aveu de faiblesse coupable.
Le Hezbollah lève des fonds en Europe, se livre au trafic de la drogue et recrute des agents. Mais l’Union européenne attend le feu vert de la France et de l’Italie pour l’inscrire sur la liste des organisations terroristes. Difficile situation pour ces deux pays engagés au Liban dans une mission de la paix avec la Force intérimaire des Nations unies au Sud Liban (FINUL), et particulièrement pour la France, qui entretient depuis toujours des relations privilégiées avec le Liban.
Le président israélien passe actuellement une semaine à Paris, Strasbourg et Bruxelles, et plaide pour que l’Europe inscrive le Hezbollah libanais sur sa liste noire. D’autres pays, comme les États-Unis, le Canada et l’Australie l’ont fait. Peres réclame aussi des sanctions plus efficaces contre l’Iran qui poursuit son programme nucléaire et s’équipe de missiles longue portée.
L’Europe prétend distinguer une branche militaire d’une branche politique du Hezbollah, et craint de déstabiliser la région en affaiblissant cette dernière. Bien entendu, les craintes de représailles sont légitimes, car le “Parti de Dieu” pourrait alors activer ses cellules dormantes en Europe (il y aurait 900 agents en Allemagne) et sérieusement compliquer la tâche à la FINUL au Liban. Seuls en Europe, les Pays-Bas l’ont résolument proscrit de leur territoire et incitent le reste des membres de l’UE à l’imiter. Quant à la Grande-Bretagne, elle propose de n’inscrire au tableau noir que la soi-disant branche militaire. Plus consensuelle, cette solution mi-chèvre mi-chou serait un pas en avant, mais resterait certainement insuffisante pour mettre un terme à l’infiltration de nos banlieues par une organisation terroriste.
Faut-il baiser la main qu’on ne peut pas mordre ou appeler un chat un chat ? À l’heure où la France est engagée au Mali pour combattre le terrorisme, comment peut-elle tolérer qu’on pactise avec le terrorisme sur son propre territoire et que le Hezbollah ait pignon sur rue dans nos villes ? Si nous n’avons pas le courage de refuser que les terroristes abordent en Europe, que font nos soldats au Mali ? Pourquoi les exposer au nom de la lutte anti-terroriste si nous ne sommes pas en mesure de lutter chez nous ?
Photo : ninjawil.