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Il est difficile de voir combien la formation du gouvernement d’unité impactera les options de la politique de Netanyahu dans ce domaine. Si les élections avaient eu lieu en septembre, comme nous le pensions, Netanyahu aurait certainement été réélu. Le président des USA, Barack Obama, préoccupé par ses promesses en politique étrangère et le vote juif à la veille de sa course à la réélection, aurait été incapable de miner Netanyahu sur l’Iran ou pour quoi que ce soit d’autre. Aussi, du point de vue de Netanyahu, une date d’élection en septembre l’aurait immunisé contre la pression de la Maison Blanche.
Il est vrai que Mofaz a répété comme un perroquet les attaques de l’ancien chef du Mossad Meïr Dagan contre Netanyahu, mais ces critiques n’ont eu aucun impact sur les options de Netanyahu ou sur l’opinion publique. Cela est particulièrement vrai parce que Dagan et ses associés partagent vraiment l’évaluation de Netanyahu sur la menace iranienne. Ils disent tous que si l’Iran acquiert des armes nucléaires, cela constituera une menace existentielle pour Israël.
Ils déclarent tous que si les autres options échouent, Israël sera obligé d’attaquer militairement les installations nucléaires de l’Iran. Ils ne veulent simplement pas que Netanyahu soit l’homme qui règle la question parce qu’ils le haïssent personnellement.
Dagan et ses collègues, Mofaz et Obama savent tous que le public israélien se ralliera autour de Netanyahu dans l’hypothèse où il ordonnera l’attaque. Aussi, élargir la coalition aurait seulement un impact pour sa décision sur l’Iran à la marge, de façon très limitée. Il est vrai que dans une perspective politique, il vaut mieux pour Netanyahu ordonner une attaque sur l’Iran avec une coalition massive se tenant derrière lui.
Certains membres de la Droite ont fait entendre que Netanyahu veut cette coalition de façon à pouvoir ranimer des négociations avec les Palestiniens et se retirer de Judée et de Samarie. Peut-être. Mais il est difficile de voir pourquoi Netanyahu voudrait aller si vite sur cette question. Qu’aurait-il à gagner ? De plus, les Palestiniens sont ceux qui ont mis fin aux négociations, pas Netanyahu. Et avec les islamistes qui s’emparent du pouvoir à travers le monde arabe et particulièrement en Égypte, le chef du Fatah, Mahmoud Abbas n’a pas de stimulus pour retourner aux négociations.
À côté de cela, il est possible que Netanyahu utilise la couverture qu’il obtient de Kadima pour détruire les foyers à Beit El le long de la ligne que la Cour Suprême a ordonnée d’ici juillet. Mais il l’aurait probablement fait de toute façon – ou non. Tout cela dépend de ce qu’il pense pouvoir obtenir avec. S’il décide de ne pas les détruire, il lui sera plus facile d’affronter la Cour Suprême, dont la décision ne passera pas le test du ridicule, avec une coalition de 94 députés plutôt qu’avec une coalition de 66 sur 120. Et il lui sera plus facile de s’incliner face à la décision de la Cour Suprême avec une coalition de 94 plutôt qu’avec une coalition de 66.
Il est important de noter ici que dans une large mesure, Netanyahu a bâti son pouvoir actuel sur son refus de s’engager sérieusement dans quelque position contraignante avec les Palestiniens. Il est difficile de voir comment il s’y prend pour gagner en suivant les traces du précédent Premier ministre Ariel Sharon et en trahissant complètement son camp politique et idéologique.
À mettre à son bénéfice, l’accord d’unité est l’exemple d’une situation dans laquelle Netanyahu s’est vu présenter une offre qu’il aurait été stupide de refuser. En échange de pratiquement rien, il a bâti lui-même la coalition la plus forte et la plus large qu’Israël ait jamais observée. Il n’a rien donné à Mofaz sauf un temps de respiration pour une année.
Mofaz n’a même pas reçu un portefeuille de gouvernement. Et en échange de son offre parcimonieuse, Mofaz a donné à Netanyahu un pouvoir sans précédent et une stabilité politique pour plus d’un an. La raison d’agir de Mofaz de la façon dont il l’a fait est claire. Kadima devait perdre la moitié de ses sièges à la Knesset au cours de la prochaine élection.
Il peut encore perdre la moitié de ses sièges à la prochaine élection. Il peut se diviser. Un million de choses peuvent arriver. Mais Mofaz a certainement envisagé que si les élections se tenaient en septembre, on lui aurait reproché la perte ; d’ici octobre 2013, il aura imaginé quelqu’un d’autre à qui reprocher la défaite de son Parti.
Enfin, il y a un aspect économique de cette décision. En faisant entrer Kadima dans sa coalition, Netanyahu s’est effectivement assuré que sa politique économique libérale sera maintenue et les voix socialistes dans la politique israélienne seront marginalisées environ jusqu’à l’année prochaine.
Avec la France devenant socialiste, la Gauche d’Israël, conduite par la chef du Parti Travailliste, la marxiste Shelly Yacimovich, aurait eu davantage de résonance dans le public pour son projet économique étatique, déficitaire et coûteux.
Maintenant Netanyahu a obtenu une nouvelle année pendant laquelle le public verra ce que ces politiques en Europe et pourront ainsi lui construire son argumentaire économique.
Tout cela constitue un grand jour pour Netanyahu. Il faut espérer qu’il n’utilisera pas sa nouvelle puissance pour détruire son Parti politique comme Sharon le fit avant lui. Aucune action antérieure de la part de Netanyahu ne prête à cette conclusion.
Mais sûrement les membres du Likoud qui font de la politique pour représenter et faire avancer leurs valeurs et pas seulement pour gagner du pouvoir pour le seul pouvoir ont besoin de réfléchir soigneusement sur leurs forces et leurs faiblesses.
Ils doivent fonder leurs actions pour l’année prochaine sur une stratégie qui maximise la précédente compréhension et minimise cette dernière, tout le temps où ils traitent avec un chef de Parti incroyablement puissant.