Tribune
|
Publié le 2 Juillet 2012

A propos de ces Juifs...

Par Caroline B. Glick, Jérusalem Post, 29 juin 2012, adaptation française de Sentinelle 5772©

 

Ainsi il s’avère que le vice-président de l’Iran hait vraiment les Juifs. En fait, il hait tellement les Juifs que même le ‘New York Times’ l’a rapporté. Mardi 26 juin 2012, le Times a publié un compte-rendu du discours du vice-président iranien Mohammad Reza Rahimi (photo) devant un forum de l’ONU sur la lutte contre l’addiction à la drogue à Téhéran. Rahimi a déclaré que les Juifs contrôlent le commerce illégal de la drogue. Nous [Juifs] vendons des drogues, dit-il, pour parvenir à réaliser un écrit talmudique  qui enjoint de « détruire tous ceux qui s’opposent aux Juifs ».

Il dit que notre conspiration est évidente puisque, proclama-t-il, il n’y a pas de Juif toxicomane. Il est allé au point de promettre de payer n’importe qui capable de trouver un Juif toxicomane.

 

Comme il l’a dit : “La République Islamique d’Iran paiera n’importe qui capable de chercher et de trouver un seul sioniste toxicomane. Il n’y en a pas. C’est la preuve de leur implication dans le commerce de la drogue ».

 

Oops, il ne hait pas les Juifs. Il hait les sionistes.

Certains de ses meilleurs amis sont juifs.

 

Au moins, c’est ce que le Times aurait voulu nous faire croire. Comme le journaliste Thomas Erdbrink la formule « Sionistes est le terme idéologique en Iran pour les Juifs qui soutiennent l’Etat d’Israël ».

 

Il a aussi noté obligeamment : « Plus de 25.000 Juifs vivent en Iran, et ils sont reconnus comme minorité religieuse, avec un représentant au Parlement ».

 

A côté de cela, juste pour que nous ne gardions pas une mauvaise impression au sujet du gouvernement iranien, Erdbrink nous a calmés en notant, de façon thérapeutique : « Plusieurs ministres iraniens ont fait des exposés politiques neutres sur l’impact du commerce de la drogue dans le pays ».

 

Ainsi, à côté du fait que le vice-président est un antisémite écumant de rage, le régime iranien est parfaitement respectable. Circulez bonnes gens, il n’y a rien à voir.

 

Sauf que, bien sûr, ce n’est pas le cas.

 

Le « chef suprême » de l’Iran qualifie couramment Israël de cancer. Par exemple, dans un sermon devant des milliers de fidèles musulmans en février, Ali Khamenei déclara : « Le régime sioniste est une tumeur cancéreuse et elle sera retirée ».

 

Puis il y a le patron direct de Rahimi. Le président Mahmoud Ahmadinejad, qui ne peut pas s’enquérir de la météo sans appeler à l’annihilation du Peuple juif.

Mais alors lui aussi désigne habituellement les Juifs comme « Sionistes » (ce que nous sommes pour la majorité), aussi ses appels au génocide de la communauté juive est vraiment une déclaration politique et la preuve que ce qui le mobilise quand il se réveille le matin et va au lit le soir est un désir passionné, obsessionnel d’assassiner tout un Peuple.

 

Beaucoup de commentateurs se sont emparés de rapport d’Erdbrink sur la diatribe de Rahimi comme d’une nouvelle preuve que le monde civilisé ne peut pas permettre à l’Iran d’acquérir des armes nucléaires. Et c’est assez juste.

 

Bien sûr, on ne peut pas permettre à l’Iran d’acquérir des armes nucléaires. Ce sont des fanatiques religieux qui gouvernent sous la bannière dérangée d’un génocide messianique.

 

Mais la vraie question ici est que ces commentateurs ont perçu la nécessité de s’emparer du rapport du ‘Times’ sur le discours de Rahimi pour mettre ce point en évidence.

C'est-à-dire que la vraie question ici, ce ne sont pas les Iraniens. La vraie question ce sont les médias occidentaux. Depuis le ‘New York Times’ jusqu’à la BBC en passant pas les médias européens, la haine antijuive est l’affaire la moins rapportée – et sans doute la plus importante – de notre époque.

 

Aucune question n’unifie davantage le monde musulman que la haine meurtrière et  venimeuse contre les Juifs.

 

Aucune autre question ne renseigne leur politique étrangère que la haine contre les Juifs. Et pourtant, rédiger un rapport même biaisé, trompeusement discret - de ce phénomène massif, stratégiquement essentiel, est quasi inexistants dans la majorité des médias. Par conséquent, c’est un évènement majeur quand le ‘New York Times’ publie dessus un rapport anémique. Et encore, même ce rapport cache la véritable histoire.

 

Erdbrink a terminé son rapport en citant un diplomate européen anonyme qui était dans l’auditoire de Rahimi à la conférence. Le diplomate lui dit que d’un côté : « Cela a été avec certitude l’un des pires discours que j’aie jamais entendus dans ma vie. Ma réaction viscérale était : pourquoi est-ce que nous soutenons ces gens-là ? ».

 

Mais, à moins que nous ne parvenions à des conclusions politiques sur l’intolérance de Rahimi, le diplomate rassura : « Si nous ne soutenons pas les Nations Unies pour aider l’Iran dans son combat contre les drogues, des voix comme celle de Rahimi seront les seules ici ».

 

Ce qu’aussi bien Erdbrink et son interlocuteur européen n’ont pas su reconnaître, c’est que Rahimi ne sera pas blâmé pour ses opinions. Il a été promu grâce à ses opinions. Aider l’Iran à combattre les drogues n’encourage pas les politiciens iraniens non génocidaires. Cela légitime le régime qui a promu Rahimi et Ahmadinejad et Khamenei et tout autre politicien puissant et commandant militaire du fait de leur haine des Juifs.

 

Les médias occidentaux ont deux approches fondamentales dans leur absence de compte-rendu de la haine antijuive et de sa signification pour la sécurité internationale. La première approche est d’ignorer la question parce qu’elle est idéologiquement gênante.

 

Le ‘New York Times’, comme tout autre media occidental important, à l’exception du « Wall Street Journal », est d’avis que le monde islamique doit être apaisé. Il faut s’accommoder des ‘Frères Musulmans’ et de l’Iran.

 

S’ils donnaient à la haine antijuive la couverture à la mesure de sa réelle signification, ils saperaient leur projet idéologique. A la lumière de leur obsession ubiquitaire et injurieuse  contre le Peuple juif, il est évident qu’il est impossible de se concilier le monde musulman.

 

La seconde approche pour faire face à la haine islamique antijuive est de la justifier en déclarant qu’Israël a gagné cette haine de son propre fait. C’est « politique » disent-ils. La diabolisation islamique des Juifs est compréhensible avec les Palestiniens et tout cela…

 

Evidemment, ces deux approches de l’histoire de la haine islamique antijuive sont épouvantables. La première approche implique une brèche dans le concept même de journalisme objectif. Après tout, l’objectif du journalisme est de rapporter le monde tel qu’il est, non pas comme nous aimerions qu’il fût.

 

La seconde approche n’est pas moins intolérante que la haine qu’elle sert à blanchir. La réaction viscérale du diplomate européen au discours de Rahimi « Pourquoi soutenons-nous la moindre coopération avec ces gens-là ? » était entièrement rationnelle.

 

Si la haine de Rahimi avait été orientée contre tout autre Peuple, race, foi, Etat ou couleur de peau, personne ne soutiendrait la coopération avec « ces gens-là ».

 

Personne ne soutiendrait le mouvement national palestinien si sa haine inhérente, exclusive était orientée, disons, contre un Etat noir plutôt que contre l’Etat juif.

 

Diaboliser et délégitimer Israël est le but central du mouvement national palestinien.

 

A cette fin, le ministre de l’information de l’Autorité palestinienne a publié un guide de style pour instruire les Palestiniens des termes à utiliser afin d’éviter de légitimer Israël.

 

Selon un rapport de ‘Palestinian Media Watch’ sur ce guide de style, le langage doit être choisi pour éviter de présenter l’existence d’Israël comme « naturelle ». Comme l’explique l’introduction du livre, utiliser la terminologie israélienne « transforme l’essence de l’effort sioniste (c’est-à-dire l’Etat sioniste) de tentative raciste, colonialiste en un effort d’auto détermination et d’indépendance pour le Peuple juif ».

 

Parmi ses autres recommandations, le guide de style de l’AP demande aux Palestiniens de remplacer le terme « Etoile de David » par « Etoile à six points ». Et cela a du sens. Le terme « Etoile de David » démontre les droits nationaux du Peuple juif sur la Terre d’Israël. Après tout, c’est la Terre du Roi juif David qui fonda la capitale juive Jérusalem il y a trois mille ans.

 

Mais un objectif central de la propagande palestinienne, avancée par tous les secteurs influents de la société palestinienne, est de réécrire l’histoire et d’effacer les Juifs de l’histoire de la Terre d’Israël.

 

Au lieu de les interpeller sur ce crime intellectuel de proportions littéralement bibliques, les médias occidentaux collaborent avec eux. Par exemple, mardi, le New York Times a publié un article sur les efforts des Palestiniens de Battir, village arabe au Sud Ouest de Jérusalem, pour obtenir que leur ancien système d’irrigation terrassé soit reconnu comme un site du patrimoine de l’UNESCO. Ils prétendent que cette désignation est nécessaire et urgent parce que s’ils ne l’obtiennent pas, Israël pourrait construire une barrière de sécurité à travers le village et nuire au système d’irrigation.

 

Isabel Kershner, la journaliste du Times, a qualifié le système d’irrigation de « système d’irrigation de l’époque romaine ».

 

Mais comme les bloggers Yisrael Medad et Elli Fischer l’ont souligné, c’est un système d’irrigation de l’époque du Second temple. Et alors que Battir est un candidat raisonnable au statut de site du Patrimoine mondial, c’est d’abord et avant tout un site du patrimoine juif. Battir est le nom arabe du village antique Betar, site de la dernière résistance de Bar Kochba contre l’Empire Romain.

 

C’est le dernier site où des Juifs furent souverains jusqu’à l’établissement de l’Etat d’Israël.

 

Mais Kershner n’a rien mentionné de tout cela.

 

L’avoir fait conduirait à trop de vérités dérangeantes – sur la nature du nationalisme palestinien, sur l’UNESCO, sur les droits des Juifs sur les territoires. Aussi la signification historique de Battir n’a pas été rapportée, et la nature du système d’irrigation a été rapportée de façon incorrecte.

 

D’un côté, on peut mettre en avant que la cécité délibérée des médias occidentaux envers la haine islamique antijuive et son influence sur le monde des affaires font partie intégrante du refus collectif des élites occidentales de reconnaître et de faire face aux implications du phénomène. 

 

Mais cela est trop indulgent.

 

Les décideurs politiques qui ignorent la haine islamique antijuive le font parce qu’ils essaient de vendre leur politique. Quelle est l’excuse duNew York Times ?

 

Les médias sont supposés rapporter des faits, et non pas former des perceptions. Les faits, non les perceptions, sont supposés informer le public. C'est-à-dire qu’ils ne sont pas supposés collaborer avec les décideurs politiques ; ils sont supposés informer les décideurs politiques et le grand public.

 

Et cela nous ramène aux commentateurs qui se sont emparés de l’article d’Erdbrink sur la façon dont le vice-président de l’Iran croit que les Juifs – pardon les Sionistes – sont des monstres, et qu’ils utilisent cela comme preuve que l’on ne peut pas permettre à l’Iran d’avoir la bombe. Oui bien sûr, ils ont raison : cela vaut la peine de citer de nouveau ses viles remarques  pour marquer ce point.

 

En citant le Times, ils peuvent marquer une paire de points aujourd’hui, mais ils perdent une bataille stratégique de long terme. Ils confèrent de la respectabilité à un organe de presse qui a une politique institutionnelle de déni, de minimisation, et d’information trompeuse sur la question la plus importante qui donne forme aux évènements au Moyen-Orient aujourd’hui : la haine islamique des Juifs.