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Frans Van der Lugt, 75 ans, considérait la Syrie comme sa patrie et ne voulait pas la quitter. «Le peuple syrien m'a tant donné, tant de gentillesse, tant d'inspiration, et tout ce que je possède. Maintenant qu'il souffre, je dois partager sa peine et ses difficultés», avait-il déclaré en janvier 2014, dans une vidéo mise en ligne sur Youtube.
Le père Frans avait alors lancé un appel à l'aide internationale, assurant que la situation à Homs était devenue «intolérable»: «Je suis le seul prêtre et le seul étranger à être resté. Mais je ne me sens pas comme un étranger, mais comme un Arabe parmi les Arabes», disait-il. «Nous avons très très peu à manger. Les gens dans la rue ont le visage fatigué et jaune (...). C'est la famine ici, mais les gens ont également soif d'une vie normale. L'être humain n'est pas seulement un estomac, il a aussi un cœur, et les gens ont besoin de voir leurs proches», ajoutait-il.
Quelques jours plus tard, 1.400 personnes ont été évacuées de la vieille ville en vertu d'un accord négocié par l'ONU entre le régime et les rebelles qui contrôlent cette zone. Mais lui avait choisi de rester dans le quartier chrétien de Homs bombardé et assiégé par les troupes de Bachar al-Assad depuis deux ans. «Je ne vois pas les gens comme des musulmans ou des chrétiens , je vois d'abord un être humain», avait expliqué le prêtre avant cette évacuation.
Le religieux avait fait une description apocalyptique au Daily Telegraph des conditions de vie des derniers chrétiens de Homs: «Notre ville est devenue une véritable jungle. Nous faisons de notre mieux pour agir fraternellement, de manière à ne pas nous retourner les uns contre les autres à cause de la faim.» «Les enfants sont ceux qui souffrent le plus. Les mères ne peuvent plus allaiter, car elles sont trop faibles. Nous cherchons partout du lait, et quand nous en trouvons, nous le coupons avec de l’eau», avait-il ajouté.
Installé en Syrie depuis 1966, le père Frans raconte également que la vieille ville abritait autrefois quelque 60.000 chrétiens et que les zones actuellement assiégées regroupaient une dizaine d'églises. «Aujourd'hui, en dehors de moi, il ne reste plus que 66 chrétiens».
Rappelant que le prêtre hollandais «avait dénoncé récemment l'intolérable situation de souffrance à Homs, où la population est menacée de mourir de faim», le préfet de la Congrégation vaticane pour les Eglises orientales, Leonardo Sandri, a lancé un nouvel appel «pour que la conscience des parties en conflit et de la communauté internationale se réveille». «Nous pensons aux évêques, prêtres et simples citoyens enlevés», a ajouté Mgr Sandri.
Paolo Dall 'Oglio porté disparu
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