Tribune
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Publié le 13 Février 2013

Quel gouvernement pour Israël ?

 

Par Victor Perez

 

Les élections passées, chacun s’interroge sur la coalition qui régira pour les années à venir le quotidien israélien. Benjamin Netanyahou a reçu un mandat de vingt-huit jours pour rechercher le programme commun à une majorité de partis prêts à gouverner. Soit un minimum de soixante et un sièges de députés. Ainsi, Yesh Atid de Yaïr Lapid, Habayit Hayehudi de Nephtali Bennet, Shass et Yaadout Hatora, mais aussi Kadima et Hatnouah de Tsipi Livni seront probablement appelés à être dans le futur gouvernement autour du Likoud et d’Israël Beiteïnou. Soit une majorité parlementaire de quatre-vingt-huit députés. De quoi asseoir cette nouvelle administration dans une réelle stabilité.

 

En sera-t-il ainsi ? C’est le vœu du Premier ministre qui neutraliserait les appétences de chacune des composantes et de leurs chefs. À commencer par Yaïr Lapid qui se voit chef avant d’avoir préalablement connu les rugosités de son siège de député.

 

Il va de soi que rien ne garantit actuellement que tous ces partis acceptent de siéger dans un tel gouvernement, dirigé de surcroît par un Netanyahou qui fut, pour la plupart de ces partis, hué lors de la campagne électorale. Il ne leur restera plus alors qu’à tenter de subsister dans l’opposition avant de voir fondre, lors de nouvelles élections, leur nombre d’élus, ou de disparaître de l’horizon politique pour n’avoir rien apporté à leurs électeurs. Les partis Kadima et Hatnouah particulièrement.

 

Si Shass et Yaadout Hatora ont une base d’électeurs solide qu’ils retrouveront qu’ils soient dans la majorité ou l’opposition, ils ont tous deux un intérêt vital à siéger au gouvernement. On les y verra donc siéger !

 

Il n’en est pas de même avec Yesh Atid et Habayit Hayehudi. Deux partis voguant sur un mécontentement momentané et n’ayant donc rien de pérenne pour l’instant. Ce qui les incitera à accepter le programme commun proposé par le Premier ministre plutôt que de pousser leur intransigeance et de risquer de connaître le même sort que le parti Kadima, mouvement politique qui passa, dans la dernière législature, de la posture de premier parti du parlement avec vingt-huit députés à péniblement deux, ou encore celui du parti Shinouï de Tommy Lapid passant de quinze à zéro élu et du parti des retraités, surprise des élections de 2006 et disparu en 2009.

 

Il y a donc de fortes probabilités pour que ce gouvernement, soutenu par quatre-vingt-huit députés, voie le jour. Si ce n’est dans le temps imparti, le délai supplémentaire légal de quatorze jours permettra d’affiner les positions de chacun.

 

Ainsi, Benjamin Netanyahou pourra sereinement proposer une loi pour le service militaire pour tous sans que les religieux ne puissent s’y opposer ni mettre en danger la coalition formée, continuer les constructions dans les implantations sans que Yesh Atid et Hatnouah n’y voient une quelconque obstruction à un processus de paix que par ailleurs Habayit Hayehudi ne soutient pas. Chaque parti faisant le mort lors d’une loi lui déplaisant.

 

Si l’on peut considérer que cette façon de faire est "jouer" l’un contre l’autre, il n’en reste pas moins qu’une majorité du peuple israélien verra dans ce gouvernement de rassemblement le respect de ses choix.

 

Ce qui démontrera que le scrutin proportionnel est le système respectueux par excellence du désidérata du peuple israélien. Un système que l’on nomme démocratie.

 

Victor Perez ©