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Que le pourvoi soit rejeté, ce qui serait logique étant donné l’avis de l’Avocat général du 17 novembre 2011 et le récent arrêt de la Cour d’Appel dans le procès intenté par Jamal Al Dura, ou qu’il ne le soit pas, entrainant une nouvelle bataille judiciaire, je voudrais m’exprimer sur cette affaire, ce que j’ai évité de faire récemment pour ne pas interférer avec le cours de la justice.
C’est le 30 Septembre 2000, qu’ont été envoyées de Gaza à Charles Enderlin dans son bureau de Jérusalem les images montrant la mort d’un enfant pris au piège de tirs dont le journaliste, sur la foi de son cameraman, a dit qu’ils provenaient d’une position israélienne. Ces images ont eu un retentissement mondial. Charles Enderlin, que l’on surnommait « scoopy », avait là le scoop de sa vie.
C’est le 26 novembre 2004 qu’un article de Media Ratings dénonce ces images comme des faux : d’où la plainte pour diffamation dont l’aboutissement pourrait avoir lieu le 28 février 2012, plus de 7 ans après. Certains, comme le regretté Gérard Huber avaient déjà bien avant attiré l’attention sur les anomalies du reportage. Considérant que celui-ci avait exacerbé la haine contre Israël, Philippe Karsenty en a fait un combat personnel. Il lui a fallu une ténacité singulière pour résister à la pression, aux insultes, au mépris et au silence. Il a souvent agi de façon brutale, mais depuis que je suis devenu président du CRIF et que j’ai pris connaissance du dossier, j’ai compris que sa véhémence était au service de la vérité. Et nous l’avons soutenu quelles qu’en fussent les conséquences.
Comme tous ceux qui se sont donné le mal d’analyser soigneusement les documents vidéo, je pense non seulement que les impacts de balles ne peuvent pas provenir des positions israéliennes, mais en plus que considérer que l’enfant et l’adulte ont reçu à l’issue du reportage des tirs qui ont tué l’un et blessé l’autre ne correspond absolument pas à ce qu’on voit sur les images. J’ai montré les documents à des chirurgiens militaires. Leur réponse a été sans appel : les images sont truquées. Le CRIF a proposé un comité d’experts techniques : les tergiversations de la direction de France Télévisions de l’époque ont fait échouer cette tentative.
Dans cette affaire certains se déterminent sur les documents et d’autres sur les sentiments. Un inconnu au verbe brutal n’avait aucune chance devant le confrère Charles Enderlin, indéboulonnable correspondant à Jérusalem, connu de tous les journalistes de France. En représailles, la porte des medias s’est fermée devant ceux qui s’opposaient à lui. Nous espérons que la décision de la Cour de Cassation permettra d’ouvrir cette porte. Car dans l’affaire Al Dura, la liberté d’expression a été aussi malmenée que la recherche de la vérité…..
(Article publié dans Actualité Juive)
En vidéo : un formidable reportage de Guysen TV.