Tribune
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Publié le 19 Juin 2013

Un appel à l'engagement

Par Jonathan Hayoun et Cindy Leoni

 

Nous remercions Marek Halter pour son appel lancé à toutes les associations présentes ce matin, pour la Journée de l'Engagement du 18 juin : Action contre la faim, La Fondation Abbé Pierre, La Licra, Médecins sans frontières, Médecins du Monde Ni Putes Ni Soumises, et UNICEF.

 

Les périodes de crise sont difficiles. Les perspectives se réduisent, les horizons se rétrécissent. Un sentiment de crainte diffus envahi le quotidien et rend les élans fragiles.

La frilosité s'invite dans chaque situation.

 

Comment garder alors la force d'une parole qui chercherait à s'inscrire dans l'espace public? À l'heure où le présent s'inscrit dans l'inquiétude du lendemain comment ne pas céder au repli? Comment croire encore dans le collectif? Comment s'engager encore ?

 

Le marqueur essentiel de cette tendance se reflète d'abord depuis les universités.

De tout temps, les étudiants ont pris une large place dans les grands bouleversements de notre histoire... Mai 68, Tian'anmen, ou encore plus récemment le Mouvement Vert en Iran et le Printemps Erable au Québec, sont autant d'exemples qui viennent prouver que les étudiants ont une voix qui compte dans notre temps.

 

Malgré cette force indéniable, aujourd'hui en France, les nouvelles générations ne tirent plus avantage de leur capacité à porter une voix qui va au-delà des problématiques étudiantes.

 

Au contraire, seuls demeurent le fatalisme, et la résignation.

 

À cela s'ajoute que dans notre société, l'engagement est bien trop souvent considéré comme une provocation, l’impertinence n'est plus une qualité et l'épisode en cours des Femen en est l'illustration.

 

On ne retient de ces jeunes femmes, que leurs provocations, et non les causes qu'elles défendent. La cause du droit des femmes a pourtant retrouvé une place dans l'espace public.

 

Il n'en est rien. Ce sont des provocatrices, et des femmes continuent à mourir chaque jour.

Quand la solidarité déserte la rue, les extrêmes et les égoïsmes particuliers l'occupent.

 

Chacun tire sur le bouc-émissaire qu'il choisit de désigner, et la violence prend alors le pas sur le dialogue. Des femmes et des jeunes meurent. Pour rien.

 

Éclatant alors en plein jour les engagements extrêmes. Ceux-là qui ne tiennent plus compte de l'existence de l'autre, ceux-là mêmes que nous devons dénoncer... Car l'engagement n'est pas une fin en soi. Loin de nous en effet l'idée d'un mot magique qui résoudra tous les maux de notre monde.

 

Du loin des ondes d'une radio londonienne, l'appel du 18 juin résonne encore comme le jour où un homme depuis l'étranger, s'est levé pour dire non, et a appelé de ses vœux à un engagement pour la liberté.

 

Nous souhaitons que cette date résonne encore aujourd'hui comme une journée de l'engagement, celle où la République pourra honorer les femmes et les hommes qui ont agi pour notre bien commun.

 

Car face au fatalisme ambiant, à la condamnation des engagements, ou encore face à la tentation des extrêmes repensons à Albert Camus qui écrivait :

 

"Chaque génération sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu'elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde ne se défasse."

Aujourd'hui, plus que l'indignation depuis laquelle la résignation ne fait parfois qu'un pas, nous choisissons l'action. Son chemin depuis sa volonté originelle, est beaucoup plus long, il est semé de réussites, mais aussi de remises en question.

 

L'engagement c'est : ne pas accepter que les mots restent vains. C'est pourquoi nous croyons que l'action est au cœur de l'engagement. Mais l'engagement c'est déjà accepter de partager avec d'autres et penser que l'ensemble fait la force.

 

Et alors que l'action se nourrit des étapes de sa construction, les valeurs s'ajoutent pour la renforcer.

Ce 18 juin, choisissons alors l'action pour faire de l'engagement la construction de nos vies.