Jean-Pierre Allali
La Déclaration Balfour, cent ans après, de Nathan Weinstock*
Balfour. Il y a cent ans ! Alors que des esprits chagrins, notamment dans le monde arabo-musulman, s’échinent à critiquer la déclaration désormais célèbre, voire à tenter de la criminaliser, Nathan Weinstock, courageusement, remonte le temps pour nous expliquer le cheminement politique qui a redonné ses droits et conforté ses espérances millénaires, au peuple juif.
C’était le 2 novembre 1917 alors que la Première Guerre mondiale faisait rage. Le Premier ministre britannique, Sir Lord Balfour adresse une lettre officielle à un autre Lord, Walter Rothschild dans laquelle il déclare, notamment, au nom de Sa majesté que « le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif ». Dès lors, la dynamique est lancée : dans l’optique de Theodor Herzl, un Etat juif va, peu à peu prendre forme.
Après avoir rappelé que la présence juive en Palestine a été ininterrompue depuis les révoltes juives contre les Romain et l’exil qui a suivi, que Jérusalem avait déjà, en 1881, une population majoritairement juive, l’auteur met l’accent sur un fait peu connu : la propension des Musulmans et de leurs dirigeant à voir d’un œil favorable l’installation des Juifs en Palestine. Pour des motifs économiques, certes, mais aussi religieux car certaines sourates du Coran qu’on a tendance à occulter reconnaissent les liens du peuple juif avec sa terre ancestrale. Quant à la communauté arabe locale, bien qu’ayant une tendance à l’autonomie, elle n’a alors, en 1917, aucune conscience nationale.
Les choses vont évoluer peu à peu. Alors que l’Empire Ottoman a choisi de s’allier à l’Allemagne, Londres va chercher à se rapprocher des Arabes. Après la signature des accords Sykes-Picot, Anglais et Français vont se partager le Proche-Orient au détriment des Turcs. Une politique délicate où l’on essaye de concilier l’amitié des sionistes et celle du monde arabe. Tandis que les nationalistes syro-palestiniens s’opposent au sionisme, le docteur Weizmann rencontre l’Emir Fayçal. En 1920, le rêve d’un grand Etat arabo-syrien s’écroule. L’Etat juif naîtra bientôt.
Très intéressant.
Jean-Pierre Allali
(*) Editions Le Bord de l’Eau. Décembre 2017. 108 pages. 10 euros