Richard Prasquier

Ancien Président du CRIF

#BlogDuCrif - Une semaine en Israël

02 May 2018 | 109 vue(s)
Catégorie(s) :
Israël
Sophie Taïeb's picture
Incendie du tombeau de Joseph
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16 October 2015
Catégorie : Israël

Détruire la cité ancienne de Palmyre et faire brûler le tombeau de Joseph reviennent-ils vraiment au même ? Pas pour tout le monde.

Quand les larmes se transforment en espoir d'un monde meilleur.

Maxime Perez est journaliste, correspondant pour la presse française en Israel et spécialiste des affaires militaires pour la chaine i24News.
Marc Knobel Directeur des Etudes du CRIF à confié à Maxime Perez le soin de présenter une étude sur l'Opération Bordure Protectrice.

Lundi dernier, l’ancien Président de la République était en Israël. Une visite étrange, hybride où le mélange des genres s’ajoute à la confusion des rôles.

Les français d'Israël, et en particulier ceux qui ont immigré de France durant les quinze dernières années, ont en grande majorité souhaité la réélection de Benjamin Netanyahu.
Déçus par l'attitude des politiques français face à l'islamisme et l'antisémitisme, beaucoup voient en Bibi un dirigeant politique charismatique doté d'une capacité à affirmer avec une assertivité rare la cause d’Israël à la face du monde et savent que ses concurrents en politique n'ont pas cette compétence exceptionnelle.
De plus, comparant la réussite de l'économie d'Israël face à la faillite de l'économie française, ils ne comprennent pas pourquoi la plupart des médias israéliens et analystes politiques sont tellement critiques envers celui qu'ils considèrent à juste titre comme un héros du peuple juif. 

Le 17 mars dernier, les israéliens ont voté et réélu Benjamin Netanyahou.

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Texte publié dans ActuJ le 30 avril 2018

Semaine émouvante en Israël.  Il y avait les merveilleuses réalisations du Keren Hayesod, mais ce n’est pas le lieu pour en parler. Je n’étais pas venu depuis longtemps pendant le Yom Haatzmaout; comment ne pas en parler dans cette Tribune ? Quelques mots pourtant sur un sujet très éloigné en apparence, le sourire en coin de Plenel dans son entretien avec le Président de la République (« Emmanuel Macron ») ce sourire goguenard que devait avoir le Président du Tribunal qui a condamné Lavoisier à la guillotine, le sourire de l’avocat du CCIF dans le procès  Bensoussan, ce sourire de celui qui, maître de la vérité supérieure, accable  son contradicteur de mépris. Ce sourire, c'est le Allah Akbar du trotskiste bien formaté.

C’est peut-être à cause de ce sourire et de la fascination qu’il exerce sur les Eves de la bien-pensance, qui ont appris à triturer l’information pour en extraire les fruits du mal (les sionistes) que mon fils et sa famille ont fait leur Alyah, malgré leur enracinement en France. Merci, Plenel !

Yom ha Shoah, révolte du ghetto de Varsovie, jour du souvenir (Yom hazikaron) avec les visites aux cimetières, la tonalité grave des jours précédents laisse place, comme la corde d’un arc qui se détend, aux gigantesques pique-niques dans une circulation inextricable. Chacun a vu les cérémonies officielles et a entendu Ben Gourion déclarer l'indépendance de l’Etat d'Israël il y a soixante dix ans, passant outre l’inquiétude de ses chefs militaires qui ne lui donnaient qu’une chance limitée de survie à l’inéluctable attaque des pays voisins. L’aviation israélienne est presque sans rivale dans le monde, mais ce même ciel de Tel-Aviv où a lieu l’extraordinaire démonstration aérienne  au matin de Yom Haatzmaout était en mai 1948 livré à l’aviation égyptienne, jusqu’au moment où un des Avia  assemblés de bric et de broc à partir de pièces achetées dans une usine tchécoslovaque parvint à abattre un DC3 égyptien, ce qui dissuada l’ennemi de recommencer l’expérience. Aujourd’hui les radars Elta ultra performants du Dôme de fer ont succédé à l’ingéniosité fragile des premiers novices.

"L’aviation israélienne est presque sans rivale dans le monde."

Cinq ans avant la déclaration d’indépendance quelques militants lançaient avec un armement ridicule un combat sans espoir dans les rues du ghetto de Varsovie. Leur objectif était d’hurler à la face d’un monde qui n’avait jusque-là rien fait pour aider les Juifs dans leur lutte pour survivre. Et qui ne fit rien pendant deux ans encore. Leur combat ne fut pas vain, il est devenu la colonne vertébrale d'Israël. Affronter, même si on est seul, l'ennemi qui cherche à nous détruire. Mais Masada et le ghetto de Varsovie ne sont plus le modèle à suivre. Il ne s’agit plus de mourir pour témoigner, il s’agit d’être fort pour dissuader. Car plus encore que dans le passé, le témoignage n’est qu’une marchandise journalistique fugace et inopérante. Demandez aux Kurdes ce qu’ils pensent de l’aide promise par l'Occident…

Quiconque examine sans lunettes idéologiques le chemin parcouru par Israël en soixante-dix ans ne peut qu'être impressionné. Le contraste entre son développement et l’état de délabrement intellectuel, moral et sociétal de ses ennemis alimente l’israélophobie ambiante qui sert souvent de paravent à la jalousie. Mais ce que je garde de plus précieux de ce voyage, c’est la célébration du Yom Hazikaron dans le moshav où habite notre fille, les témoignages, musiques et panneaux disant la vie des membres de la localité tués au cours des guerres d’Israël, c’est l’émotion contenue des mères dont les enfants iront eux aussi défendre le pays. Bien sûr, tout n’est pas parfait en Israël, et certains problèmes internes ne s’amendent pas.  Il y a de grandes disparités, de grands mépris, de grandes intolérances. Israël doit résister à la tentation populiste qui emporte tant de pays dans le monde. Il y a aussi ceux qui refusent de s’arrêter pendant les deux minutes de silence lorsque retentissent les sirènes du Jour du Souvenir. Certains haredim, certains Arabes….Mais c’est la grandeur de ce pays qui parvient à gérer en démocratie une complexité interne inouïe, entouré d’ennemis innombrables, de haines irréconciliables et de critiques… tellement confortables.