- English
- Français
Il y a soixante douze ans, les 16 et 17 juillet 1942, 13152 Juifs parisiens, dont plus de 4 000 enfants, étaient arrêtés par la police française à Paris et dans la région parisienne. La plupart d’entre eux mourront à Auschwitz.
Passée dans l’histoire sous le « nom de «rafle du Vélodrome d’hiver », «du nom du lieu où une partie d’entre eux ont été conduits avant leur transfert vers les camps d’internement de Drancy, Beaune-la-Rolande ou Pithiviers, cette vague d’arrestations ne fut ni la première ni la dernière . Mais elle a été la plus massive.
Entre 4 500 et 7 000 policiers français ont pris part à l’opération, organisée à la demande des autorités d’occupation, mais sans leur participation.
Une cinquantaine d’autobus de la compagnie du métropolitain ont également été réquisitionnés, ainsi que leurs conducteurs.
A la liste dressée par l’occupant, les autorités françaises ont pris l’initiative d’adjoindre les enfants.
L’objectif était l’arrestation de quelques 30 000 Juifs considérés comme apatrides ou étrangers.
En zone occupée, le port de l’étoile jaune avait été imposé aux Juifs dès le 7 juin 1942.
Toutes les régions de France ont été touchées.
Lyon a été particulièrement meurtrie, le lieu où nous sommes rassemblées aujourd’hui porte encore les stigmates de cette funeste époque, et quelques uns parmi nous peuvent témoigner de cette étape vers l’enfer.
Chaque famille juive pleure des disparus.
Ces crimes, ces assassinats s’appellent un GENOCIDE. Ces crimes, ces assassinats sont le fait des Allemands, des Nazis mais aussi des miliciens français, des collaborateurs, de ceux qui ont vendu leur âme au démon.
Il a fallu plus de 50 ans à la République pour déclarer sa responsabilité d’alors, dans ce génocide " La Shoah "
Il est parfois dur de dire la vérité et nous devons rendre hommage au Président de la République, Jacques Chirac, qui a su reconnaître en 1995, la vérité de l’Histoire.
Jacques Chirac, le 16 juillet 1995, disait en substance, lors des cérémonies commémorant la Grande Rafle des 16 et 17 juillet 1942.
« Il est, dans la vie d’une nation, des moments qui blessent la mémoire, et l’idée que l’on se fait de son pays »
« Il est difficile de les évoquer, aussi, parce ces heures noires souillent à jamais notre histoire, et sont une injure à notre passé et à nos traditions. Oui, la folie criminelle de l’occupant a été secondée par des Français, par l’Etat Français. »
« La France, patrie des Lumières et des Droits de l’Homme, terre d’accueil et d’asile, la France, ce jour-là, accomplissait l’irréparable. »
« L’horreur, pourtant, ne faisant que commencer »
« 76 000 déportés Juifs de France n’en reviendront pas »
« Nous conservons à leur égard une dette imprescriptible »
« Transmettre la mémoire du peuple Juif, des souffrances et des camps. Témoigner encore et encore. Reconnaître les fautes du passé, et les fautes commises par l’Etat. Ne rien occulter des heures sombres de notre Histoire, c’est tout simplement défendre une idée de l’Homme, de sa liberté et de sa dignité. C’est lutter contre les forces obscures, sans cesse à l’œuvre. »
Mais il nous appartient de dire que, dans cette période de ténèbre, des hommes et des femmes ont, au péril de leur vie, apporté une étincelle d’humanité pour sauver de nombreuses vies. L’Etat d’Israël les a honorés en les désignant comme Justes parmi les nations. A la mémoire des victimes et en hommage aux Justes de France, la République consacre cette journée de juillet à une cérémonie nationale.
La France en reconnaissant la responsabilité de l’Etat français ne fait pas seulement acte de contrition, elle exprime surtout sa détermination pour que cela ne se reproduise plus jamais.
Pour cela, nous devons ensemble, tout faire pour que les régimes et les pays autoritaires, fascistes n’infectent plus la France, l’Europe, le Monde.
Face au danger extrémiste des dernières élections, nous devons tous nous dresser pour défendre les valeurs de la République. Oui, face aux discours de haine et aux lendemains obscurs toutes les générations ont su dire NON.
Ne pas accepter les slogans scandés en janvier 2014 et il y a quelques jours "Morts aux Juifs" dans les rue de la Capitale
Ne pas admettre des manifestations, comme l'ont rappelé Richard Prasquier ancien Président et Roger Cukierman Président du CRIF, montrant une ambiance pogromiste à l'égard des Juifs, de leurs synagogues, de leurs magasins la semaine dernière à Paris.
Lutter contre l’intégrisme violent et dangereux, contre les pays et partis d’extrême droite et d’extrême gauche, contre le racisme et la xénophobie, contre tout ce qui serait un danger pour nos enfants.
Sachons sauvegarder la liberté : avenir de l’humanité.
Liberté, valeur tellement chère à la France
Comme le rappelait le Président CHIRAC « La France patrie des Lumières et des Droits de l’Homme, terre d’accueil et d’asile. »
J’aimerais profiter de ce moment solennel pour rappeler le souvenir de ces femmes et de ces hommes qui ont trouvé refuge en France alors que le processus d’extermination était engagé.
Parce qu’ils savaient que le France est la Patrie des Droits de l’Homme, une Patrie de tolérance, une Patrie d’accueil. Une tradition d’accueil aussi vieille que la France est France et que Vichy aura occulté.
Cette tradition qui avait toujours honoré notre pays. Sans elle, la France ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui et ce qu’elle fut : le refuge, l’espoir et la liberté.
Je veux saluer cette tradition qui perdurera, j’en suis sûr, malgré les difficultés qu’elle comporte, car il y en a toujours et nous le savons.
A l'occasion du tragique 72 ème anniversaire des premières déportations de Juifs de France, il est impératif d'apporter sa contribution au travail de Mémoire et de sensibiliser nos concitoyens en particulier les jeunes générations aux pages sombres de l'histoire de notre Pays afin que celles ci ne se reproduisent plus.
A ce titre je voudrai saluer le Conseil Général et l'Amicale des Déportés qui organisent des voyages à Auschwitz dont la nécessité émotionnelle et pédagogique n’est plus à démontrer.
Je remercie également tous les rescapés qui témoignent et informent les élèves des lycées et des collègues ainsi que les associations comme les Fils et Filles de Déportés qui rappellent en éditant des ouvrages et en plaçant des plaques avec les noms de nos chers disparus
Chers amis, aujourd’hui, pour nos Morts mais surtout pour les Vivants, nous avons certes un devoir de Mémoire mais quand l’actualité nous relie aux souvenirs des années noires, nous devons garder espoir et tout faire pour que toutes les générations se mobilisent.