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Publié le 12 Décembre 2011

Au moins 24 civils tués dans des manifestations en Syrie

Au moins vingt-quatre civils, dont quatre enfants, ont été tués, vendredi 9 décembre 2011, par les forces de sécurité syriennes dans la répression des manifestations contre le régime du président Bachar Al-Assad. Malgré le déploiement massif des forces de l'ordre, de nombreux mouvements de protestation ont eu lieu dans le pays, sous le slogan "la grève de la dignité", en prévision d'une grève générale dimanche, selon des militants et l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).



A Homs, notamment, les tirs des forces de sécurité ont fait dix morts, dont deux enfants de 10 et 12 ans, et vingt-trois blessés, selon l'OSDH. Vendredi 9 décembre, le Conseil national syrien (CNS), qui regroupe la majorité des courants de l'opposition syrienne, avait accusé le régime de Bachar Al-Assad de se préparer à commettre une répression violente dans cette ville, un important foyer de la contestation.



Les Etats-Unis ont fait part, le même jour, de leur "profonde inquiétude" quant à ces informations. La porte-parole du département d'Etat, Victoria Nuland, a souligné que M. Assad serait tenu responsable de tout décès provoqué par les troupes syriennes.



Homs encerclée



"Toutes les informations, les vidéos, ainsi que les militants sur le terrain affirment que le régime se prépare à commettre un massacre collectif pour faire taire la révolution dans cette ville, et en faire un exemple pour les autres régions" de Syrie, affirmait le CNS dans un communiqué. "Le régime prétexte des incidents confessionnels pour justifier son éventuel crime. Il pousse dans cette direction par tous les moyens en incendiant des mosquées, en tuant des jeunes et en les torturant, en enlevant des femmes et des enfants. Hier le régime a mis le feu à un oléoduc dans le quartier de Baba Amro [à Homs], afin d'en accuser ce qu'il appelle 'des groupes armés'", indique le CNS.



Un oléoduc a été incendié dans le quartier de Baba Amro, à Homs, indique le Conseil national syrien.



"Le régime tente de faire taire les insurgés pacifiques en prétextant vouloir livrer une guerre contre le terrorisme", ajoute le communiqué. Le CNS a enfin fait état de la présence d'"importants renforts militaires qui encerclent actuellement Homs, dont des milliers de soldats, et un nombre incalculable d'engins militaires lourds. Les forces du régime ont érigé plus de soixante barrages à l'intérieur de Homs", a-t-il ajouté.



Le régime syrien a demandé, vendredi 9 décembre, à la communauté internationale de l'aider à trouver une "sortie honorable" à la crise, en faisant cesser le flot d'armes qui arrivent dans le pays. Le président Al-Assad est "horrifié" et "attristé" par les violences meurtrières, et il a promis que les responsables devraient rendre des comptes, a assuré le porte-parole du ministère des affaires étrangères syrien, Jihad Makdessi. Il a également affirmé que le régime "n'a jamais donné l'instruction claire d'utiliser des balles réelles" contre les manifestants.



La ville rebelle de Homs est le théâtre d'opérations sécuritaires depuis plusieurs semaines. Jeudi 8 décembre, au moins dix civils y sont morts sous les tirs des forces du régime, de francs-tireurs ou dans des attaques à l'artillerie, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Huit autres civils ont été blessés par les agents de sécurité qui "ont tiré aveuglément sur les habitants à Houla", dans la province de Homs, surnommée "capitale de la révolution" et qui compte le plus grand nombre de "martyrs" depuis le début, à la mi-mars, de la révolte populaire, selon la même source.



Des exactions sans "aucune limite"



Sur le plan diplomatique, la Syrie a annoncé vouloir "étudier" une réponse reçue de la Ligue arabe à sa demande de levée des sanctions de l'organisation panarabe pour recevoir des observateurs de la Ligue dans le pays. Si M. Assad est sincère, il "acceptera des observateurs de la Ligue arabe", a déclaré vendredi le ministre des affaires étrangères turc, Ahmet Davutoglu. Le chef de la diplomatie irakienne a lui annoncé que son pays allait développer ses relations avec l'opposition syrienne. "La mission des amis de la Syrie est de faire comprendre [à ses dirigeants] qu'ils doivent mettre en application l'initiative arabe car elle est dans l'interêt de la Syrie et de son peuple", a-t-il ajouté.



Les sanctions, les premières de cette ampleur à l'encontre d'un membre de la Ligue, prévoient notamment un gel des transactions commerciales avec le gouvernement syrien et de ses comptes bancaires dans les pays arabes. A l'étranger, la Suisse a annoncé avoir allongé la liste des personnes en Syrie faisant l'objet de restrictions de déplacements, en ajoutant dix-huit noms sur la liste, qui en compte désormais soixante-quatorze.



La Turquie a affirmé de son côté qu'elle allait suspendre à son tour un accord de libre échange avec la Syrie, déjà suspendu par Damas, et prendre des dispositions pour éviter la Syrie dans ses relations commerciales avec le Proche-Orient. En outre, Paris a annoncé que la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne avaient "obtenu" que la responsable des droits de l'homme de l'ONU, Navi Pillay, soit entendue par le Conseil de sécurité à propos de la Syrie, a priori "mardi".



Le rapport récent d'une commission d'enquête internationale du Conseil des droits de l'homme "montre que les exactions visent même les enfants et ne connaissent aucune limite", a relevé le ministère des affaires étrangères français. Les Européens, France en tête, plaident depuis des mois – en vain – pour que le Conseil de sécurité condamne la répression en Syrie. Celle-ci a fait, selon les Nations unies, au moins quatre mille morts, dont plus de trois cents enfants.



Un bilan crédible, a affirmé vendredi le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, en réponse aux récentes déclarations du président Al-Assad. Dans un entretien mercredi à la chaîne américaine ABC News, le chef de l'Etat syrien avait dit n'accorder aucun crédit au bilan des Nations unies. "Qui a dit que l'ONU était une institution crédible ?", s'était-il interrogé. La Syrie a accusé, vendredi, la chaîne ABC d'avoir "délibérément" déformé les propos de M. Al-Assad pour donner une image négative du régime.



Photo : D.R.



Source : Le Monde



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