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Publié le 7 Décembre 2005

Daniel Ben Simon, journaliste à Haaretz : «Ariel Sharon se voit comme l’héritier de David Ben Gourion.»

Question : Depuis le départ d’Ariel Sharon du Likoud et la création de son nouveau parti centriste « Kadima », le paysage politique israélien s’est modifié. La presse parle de « Big bang », de « séisme », de « révolution ». Trois grandes formations majeures vont donc s’affronter pour les prochaines élections législatives. Quelles sont, selon vous, les intentions d’Ariel Sharon ?


Réponse : Ariel Sharon ne peut plus assurer le pouvoir. Il perdait sa majorité au sein du parti et surtout la majorité au comité central du Likoud. Il a donc adopté une approche plus pragmatique. Par contre, le Likoud est bloqué, on peut parler d’immobilisme.
Question : Quels seront les axes de la campagne électorale d’Ariel Sharon ?
Réponse : La paix et la sécurité. Ariel Sharon se voit comme l’héritier de David Ben-gourion. Ce dernier a crée l’Etat d’Israël, Sharon se voit définir les frontières d’Israël. Il va dire aux Israéliens : faites moi confiance, J’ai fait les guerres, j’ai fait le désengagement de Gaza. Je suis l’homme pour continuer le travail.
Question : Que va devenir le Likoud ?
Réponse : Un petit parti de droite. Il va notamment perdre son point fort que sont les électeurs Orientaux et les habitants des villes défavorisées. Il risque de devenir le 3ème ou le 4ème parti politique d’Israël.
Question : Selon un sondage d’opinion publié par le Yedioth Ahronoth, le Premier ministre Ariel Sharon obtiendrait de 30 à 33 sièges parlementaires. Le parti travailliste viendrait en deuxième position avec 25 ou 26 mandats, tandis que le Likoud arriverait en troisième position avec 12 à 15 sièges. Qu’est ce qui pourrait modifier cette donne ?
Réponse : Ces sondages reflètent l’état de l’opinion publique Israélienne. Plus on parlera de la politique sociale et économique et de la société, plus les travaillistes se renforceront. Et, si durant la période électorale, il devait y avoir du calme au niveau sécuritaire, les Israéliens choisiront de nouvelles priorités. Dans ce cas, Amir Peretz pourrait devenir le prochain Premier ministre d’Israël.
Question : A la suite de l’élection d’Amir Peretz à la tête du parti travailliste, le débat ne risque-t-il pas de s'écarter un peu de la question palestinienne ?
Réponse : Je pense qu’après quatre ans d’Intifada, les Israéliens veulent se pencher sur ce qui se passe chez eux, à la maison. Les Israéliens sont convaincus qu’il est possible de négocier avec les Palestiniens et de s’occuper des inégalités sociales du pays.
Question : Ce nouveau paysage politique israélien est-il de nature à relancer les espoirs de paix ?
Réponse : Absolument.
Propos recueillis par Marc Knobel