Après avoir réussi à faire « fleurir » le désert, Israël veut tenter d'en faire autant pour la Chine. Fortes d'une technologie de l'eau parmi les plus performantes du monde, notamment pour le dessalement de l'eau de mer et l'irrigation, les entreprises israéliennes avancent leurs pions sur cet énorme marché. D'ores et déjà, les plus grands groupes israéliens ont pris pied. Un exemple : IDE Technologies, coentreprise de Delek et d'Israel Chemical, respectivement leaders israéliens de l'énergie et de la chimie, a récemment conclu un contrat avec la compagnie d'électricité chinoise de la ville de Tianjin pour la construction de quatre unités de dessalement d'une capacité de 73 millions de mètres cubes par an.
Détail important, la technique utilisée permet à la fois d'obtenir de l'eau pour les résidents de cette localité de 12 millions d'habitants, mais aussi de faire fonctionner une centrale produisant de l'électricité. Pour Avahalom Felder, patron d'IDE, il s'agit d'une « avancée stratégique en Asie ». Du côté financier, les israéliens ont également affûté leur tactique. Plusieurs fonds réunissant des partenaires des deux pays ont été lancés. L'un d'entre eux, Infinity I-China, spécialisé dans la technologie de l'eau, a été constitué par Clal Industries and Investments du groupe IDB, le plus important holding israélien avec comme allié la China Development Bank. Au total, Infinity Group gère plus de 700 millions de dollars par l'intermédiaire de neuf fonds.
Floraison d'innovations
Le potentiel est à la hauteur des efforts entrepris. La Chine ne dispose que de 6,2 % des ressources en eau de la planète dont elle abrite 21 % de la population. La pénurie d'eau due à la pollution industrielle et à un réseau de distribution obsolète constitue l'un des défis cruciaux que l'empire du Milieu va devoir relever au cours des prochaines années. Actuellement, selon les estimations des analystes, 70 % des eaux utilisées en Chine sont impropres à la consommation ou pour la pêche. Ariel Poppel, directeur financier d'Infinity I-China, souligne que « la moitié des villes souffrent d'un manque d'eau et que la pénurie est particulièrement grave dans une centaine d'entre elles ».
En Israël, l'eau est également une denrée rare en raison d'hivers de plus en plus secs ces dernières années. Ce handicap a toutefois été à l'origine d'une véritable floraison d'initiatives et d'innovations. Ce pays d'un peu plus de 7 millions d'habitants compte 166 entreprises spécialisées dans la technologie de l'eau dont les exportations annuelles dépassent 1,5 milliard de dollars. Mieux encore : trois des plus importantes usines de dessalement de l'eau de mer dans le monde fonctionnent en Israël.
Ce dynamisme est accompagné par un intense travail de relations publiques. En novembre prochain, plusieurs centaines de firmes étrangères, dont un gros contingent en provenance de Chine, sont attendues à l'occasion de la Watec, la convention internationale sur les technologies de l'eau à Tel-Aviv. En attendant cet événement, l'Institut pour les exportations ainsi que le ministère de l'Industrie et du Commerce ont élaboré une stratégie spécialement conçue pour donner un coup de fouet aux exportations liées à l'eau en Chine. Un rapport commandé auprès d'Apco, une firme spécialisée dans la communication stratégique viendra soutenir cet effort.
Photo : D.R.
Source : la Tribune