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Publié le 6 Mai 2011

La Lebanese Canadian Bank et le Hezbollah

Fondée au départ comme une filiale de la Banque royale du Canada, la Lebanese Canadian Bank est aujourd'hui une entreprise libanaise autonome, qui maintient un «vaste» réseau de liens financiers «avec des banques du monde entier, dont plusieurs aux États-Unis», selon le site Internet Cyberpresse.ca.




La Lebanese Canadian Bank se présente sur son site internet comme la «première banque du Liban aux normes de qualité internationale». Parmi ses banques correspondantes aux États-Unis elle recense plusieurs poids lourds de la finance: Bank of New York Mellon, Wells Fargo, JPMorgan Chase, et Standard Chartered Bank, ainsi que Mashreqbank.



La 8e banque en importance du Liban avait fait parler d'elle à Montréal en 2008 quand des citoyens canadiens l'avaient poursuivie au civil, alléguant qu'elle avait fourni des services financiers au Hezbollah avant et pendant les attaques contre les villes israéliennes en 2006.
À l'époque, la porte-parole de la LCB à Montréal avait vigoureusement nié les faits. Depuis, les plaignants ont retiré leur poursuite au Canada pour concentrer leurs actions au Proche-Orient, selon l'avocat montréalais au dossier Jeffrey Boso.



En France, elle affirme être liée à la Société Générale et à Natixis. Elle a également un bureau de représentation à Montréal et affirme correspondre avec la Banque royale du Canada.



Selon Le Canard Enchaîné du 4 mai 2011, p.4, la Lebanese Canadian Bank (LCB) est inscrite sur la liste noire du Trésor américain, depuis le 10 février de cette année. Ce qui lui interdit toute transaction avec le système bancaire US. Le Trésor américain reproche à cette banque de blanchir de l’argent ou d’héberger des fonds du Hezbollah libanais.



Selon le site Internet du Commercedulevant.com (10 février 2011), le département du Trésor américain a accusé la Lebanese Canadian Bank (LCB) de blanchiment d’argent pour le compte d’un groupe de trafiquant libanais, qui serait apparenté au Hezbollah.



Les autorités américaines affirment que la banque libanaise est impliquée dans des opérations illicites pour un montant évalué à 200 millions de dollars mensuels. «Selon des renseignements de l'État américain, le Hezbollah a profité d'un soutien financier provenant des activités criminelles», de ce réseau, écrit encore le Trésor américain. Et de citer certains officiels du parti chiite comme Abdallah Safieddine, représentant du Hezbollah à Téhéran qui aurait facilité le dépôt d'argent en provenance d'Iran sur les comptes de la LCB.



Conséquence, il est désormais interdit aux établissements financiers américains de mener - directement ou indirectement - la moindre transaction financière avec la LCB ou ses filiales. Que cela soit pour le compte de la banque libanaise, pour leur propre compte ou le compte de tiers.



Or, rappelle Le Canard enchaîné, cette banque intéresse la Société générale (française), car elle fait depuis quelques semaines, l’objet d’une offre de rachat émise par la Société générale de banque au Liban (SGBL). Dont le groupe français, naguère majoritaire, détient encore 19%, rappelle Le Canard. Mais, comme cet achat est prometteur, il pourrait faire de la SGBL, le quatrième groupe bancaire du pays.



Ainsi, selon le site Internet Iloubnaninfo, la banque privée libanaise Lebanese Canadian Bank va fusionner avec la Société générale de banque au Liban (SGBL), a annoncé le gouverneur de la banque centrale du Liban, Riad Salameh. Quatre banques étaient sur les rangs pour racheter la Lebanese Canadian Bank (LCB), mais la SGBL, filiale de la Société générale, a fait la meilleure offre, a expliqué M. Salameh dans un entretien à une télévision locale jeudi 3 mars 2011. Le gouverneur n'a pas précisé le montant du rachat, mais des sources bancaires au Liban l'ont évalué à environ 500 millions de dollars. La SGBL s'est engagée à garder tous les salariés de la LCB, a précisé M. Salameh.



Tout en rappelant sa position minoritaire, rappelle le Canard enchaîné, la Société générale admet étudier l’offre de rachat sur la Lebanese Canadian Bank : « Nous acceptons sous deux conditions : que les actifs soient sains et que les Américains soient d’accord », confie anonymement l’un de ses dirigeants. Il n’empêche le feu vert des Français sera aussi déterminant.



Marc Knobel



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Photo : D.R.