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Publié le 2 Mars 2011

Le cardinal Barbarin dénonce l'antisémitisme

Mardi 1er mars 2011, les participants au sommet mondial judéo-catholique se sont rendus dans le Mémorial de la Shoah, à Drancy.



Aux négationnistes de tous bords, une survivante de Birkenau, Yvette Lévy, passée par le camp de Drancy -un «pré-enfer»-, a rappelé ce mardi dans ses détails que la déportation des Juifs et leur extermination n'est pas un mythe. Elle s'exprimait dans cette ville de la banlieue nord de Paris sur le lieu même du camp de sinistre mémoire où les Juifs étaient concentrés avant d'être jetés dans des wagons pour l'Allemagne. Devant elle, une centaine de hauts représentants du judaïsme et de l'Église catholique, dont plusieurs cardinaux venus de Rome, réunis à Paris depuis dimanche et jusqu'à ce mercredi midi, pour un sommet mondial de dialogue . Ce Comité de liaison catholique-juif international se réunit tous les deux ans dans une capitale du monde -sauf à Jérusalem et à Rome- depuis que le Concile Vatican II et sa déclaration Nostra Ætate, en 1965, a mis un terme à deux millénaires de conflit.



À voir, dans les bus qui conduisaient, mardi après-midi, ces délégations vers le mémorial de Drancy, des kippas noirs de rabbins côtoyer des calottes rouges de cardinaux, leurs visages animés par des conversations passionnées, ou, encore, l'émotion partagée lors de la prière pour les morts, le kaddish, devant le triste wagon, témoin immobile des déportations de Juifs, quelque chose semblait s'être noué entre eux. Bien sûr, confie un témoin des séances de travail à huis clos, «les débats ont été très fermes sur certains sujets, notamment sur la question du Proche-Orient». Mais en aucun cas inutiles, complète le père Jean Dujardin, l'un des grands artisans français de ce dialogue judéo-chrétien. Année après année, il voit mûrir un «climat de confiance grandissant». Le communiqué final, publié aujourd'hui, en donnera probablement l'esprit.



Ce mardi, en tout cas, le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, qui prenait la parole à Drancy après Serge Klarsfeld, président des Fils et Filles des déportés juifs de France, a insisté sur le lieu même où l'Église de France avait publié une «déclaration de repentance» en 1997, sur l'actualité présente de l'antisémitisme : «Nous préférerions nous taire à Drancy, (…) mais nous devons parler car le mal est toujours prêt à ressurgir, avec son cortège d'horreurs que nul n'avait pu imaginer. En ce sens, la Shoah n'est pas seulement un événement du passé. Elle est le fruit de tout un cheminement rampant. La gangrène de l'antisémitisme a répandu son poison dans le cœur de tant d'hommes et de femmes qu'elle a permis à un homme d'être élu démocratiquement et de décider l'extermination des Juifs et des Tziganes de toute l'Europe.»



Contexte géopolitique



D'autres thèmes cruciaux ont été aussi abordés comme ces questions posées, dimanche après-midi, lors de la séance d'ouverture officielle de ce sommet, au Collège des Bernardins, par le grand rabbin de France, Gilles Bernheim. Aux catholiques: «Qu'est-ce qui a conduit l'Église à faire à ce point du christianisme une religion sinon antijuive, en tout cas non juive? Cette question reste la plus importante pour le dialogue judéo-chrétien de demain.» Aux juifs: «Permettez-moi d'insister sur la nécessité de réexaminer l'image du christianisme dans la pédagogie et la culture populaire juives qui tend toujours à être défensive et hostile.»



Le contexte géopolitique de ces rencontres, et la crise de plusieurs pays arabes, n'a pas été non plus oublié. Lors de cette séance d'ouverture, le représentant du gouvernement français, Henri de Raincourt, ministre chargé de la Coopération, a ainsi suggéré : «Cette accélération de l'histoire doit inciter à approfondir le dialogue entre les trois religions. Et quelle belle image si un jour prochain ces rencontres associaient des représentants du culte musulman à ce dialogue entre juifs et catholiques.»



Article publié dans le Figaro du 2 mars 2011



Photo : © 2011 Erez Lichtfeld
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