Avez-vous été surpris par le contenu du rapport de l'AIEA démontrant que l'Iran a continué à travailler à la mise au point de l'arme atomique ?
J'ai été impressionné par l'ampleur et le niveau de détail du rapport. C'est un rapport très détaillé, sans doute le plus détaillé qui ait jamais été publié sur un pays membre du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP).
Israël est-il d'après vous et comme croyait le savoir la presse la semaine dernière, sur le point d'attaquer les installations iraniennes ?
Il faut distinguer deux choses. D'un côté, les rumeurs autour de débats qui auraient cours au sein du gouvernement israélien, et, de l'autre, les déclarations du président Shimon Peres ce week-end visant à mettre une pression maximum sur la communauté internationale pour régler cette crise. Israël se réserve sans aucun doute la possibilité d'intervenir, mais rien n'indique qu'on est à la veille d'une telle opération.
On va donc vers un nouveau régime de sanctions contre l'Iran, qui est déjà sous le coup de six résolutions des Nations unies ?
Oui, des sanctions accrues qui s'inscrivent dans un processus de longue durée. C'est le seul moyen efficace pour ralentir les recherches nucléaires de l'Iran. Sur le long terme, c'est aussi le seul moyen pour discréditer, aux yeux de sa population, le régime en place.
Pensez-vous que la communauté internationale aurait dû réagir plus tôt et plus fermement ?
Sans doute. Les premières sanctions décidées en décembre 2006 auraient pu faire preuve de plus de sévérité. Dans cette affaire, la Russie et la Chine ont fait preuve d'obstruction. Et si on avait pris les décisions qu'il fallait dès 2003, on n'en serait sans doute pas là aujourd'hui, parce que le programme en est à un tel point de maturité qu'il devient très difficile de l'arrêter.
Vous pensez que Barack Obama a fait preuve de naïveté au début de son mandat avec sa politique de main tendue à l'adresse de l'Iran ?
Oui, je crois qu'il a péché par excès de naïveté. Cela a permis à Téhéran de gagner du temps.
Photo : D.R.