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Publié le 15 Juin 2011

Le septième tour de l’amitié judéo-musulmane

Du 9 mai au 1er juillet 2011, le bus de l’Amitié judéo-musulmane 2011 sillonne la France, soutenu par le Conseil représentatif des institutions juives de France, la Grande Mosquée de Paris, la fondation du judaïsme français ainsi que le Consistoire de Paris. Le rabbin Michel Serfaty nous présente le tour de France du Bus de l’amitié.



Michel Serfarty, vous avez organisé pour la 7è édition le « Tour de France du Bus de l’Amitié ». Pouvez-vous nous rappeler les objectifs poursuivis par cet événement et les activités phares autour du passage du bus?
Les objectifs du 7ème "Tour de France et d'Ile de France de l'amitié" de 2011 prolongent les actions arrêtées en 2010. Ils se déclinent en trois points prioritaires : 1) promouvoir l'amitié en suscitant la création de nouvelles antennes de l'A.J-M.F. dans le plus nombre de villes. A mi parcours du 7è tour, nous avons déjà enregistré la décision d'acteurs nouveaux pour créer des antennes dans six villes : Aix-en-Provence, Lille, Metz, Strasbourg, Belfort et Villeurbanne. Les auteurs de tels projets sont juifs et musulmans ; ils témoignent d'une réalité en réelle progression : l'amitié entre eux doit faire boule neige et attirer d'autres citoyens. Nous espérons dépasser le chiffre de douze antennes d'ici la fin de l'année. 2) la promotion de la 3ème édition du week-end portes ouvertes mosquées synagogue des 11-12 et 13 novembre prochain promet d'associer à travers tout le territoire bien plus que les 40 mosquées et les 40 synagogues de la 2è édition. 3) A partir des témoignages de nombreuses personnes que nous avons recueillis, tant des enfants, des mamans mais aussi des cadres animateurs et animatrices des maisons de quartiers, des MJC, des Centres sociaux, etc., lancer des opérations tous azimuts de lutte contre "l'enseignement du mépris du juif" dans les couches populaires musulmanes et inversement contre "l'enseignement du mépris du musulman" au sein des couches populaires juives. Nous sommes au début de cette opération ; Nous prévoyons qu'elle sera l'une de nos préoccupations majeures pour la prochaine décennie et qu'elle nous conduira à multiplier le nombre de nos équipes d'intervention à travers l'Héxagone.
L’Amitié judéo-musulmane porte un message non pas religieux, mais politique : « stop aux stéréotypes et aux discriminations ». Pouvez-vous nous faire un état des lieux de ces stéréotypes et discriminations dont sont victimes ces deux communautés? Les préjugés et les discriminations progressent-ils ?
Les préjugés et les stéréotypes réciproques entre juifs et musulmans sont tenaces. Ils résistent parce que différents facteurs les entretiennent, principalement : l'éducation familiale en milieu populaire les transmet aux enfants en bas âge ; l'échec social et les discriminations dont sont victimes les classes moyennes issues de l'immigration sont attribués arbitrairement aux juifs ; le peu d'initiatives prises en la matière par les établissements scolaires publics. Cependant, la politique de solidarité avec les musulmans face aux tentatives de leur stigmatisation par le Front National, politique que nous avons adoptée au sein de l'A.J-M.F. en proclamant "pas une voix au FN" d'une part, "solidarité avec les musulmans" d'autre part, nous a rapproché de beaucoup de musulmans.
L’approche régionale vous permet-elle d’observer une réalité contrastée ? Quel vous semblent être les villes porteuses de modèles pour l’avenir des relations entre les juifs et les musulmans en France ?
La situation des musulmans n'étant pas la même dans toutes les villes, elle influe sur le rapport juifs-musulmans. Là où des ghettos de salafisme et d'Islam radical des franges extrémistes de l'UOIF proches de Tariq et Hani Ramadan se sont développés, le rapport aux juifs s'est trouvé quasiment rejeté. Dans les quartiers où la solidarité entre juifs et musulmans s'est réalisée comme on l'a observé à Montpellier, à Aix-en-Provence et à Villeurbanne, des réalités réconfortantes nous ont laissé optimistes. Contrastant fortement avec ces dernières, dans une ville de l'Est où les responsables juifs ont refusé de nous recevoir ni de mentionner notre présence, les musulmanes de leur quartiers sensibles sont venues nous témoigner leur soutien parce qu'elles nous ont entendu dans la MJC de leur quartier. Nous savons déjà qu'à Grenoble et à Bordeaux, nous enregistreront de nouveaux progrès. Par ailleurs, un exemple d'entente intelligente entre juifs et musulmans est celui de notre antenne "l'Amitié Médicale Judéo-Musulmane de France" présidée par le Dr Patrick Conquis et qui organise cette semaine son 3è congrès médical à Paris sous la présidence du Pr René Friedmann. Elle est bonne à donner en modèle aux autres professions libérales comme les juristes, les pharmaciens, les enseignants ou les journalistes. Nos objectifs se déclinent aussi dans ces directions.
Photo : D.R.