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Publié le 2 Septembre 2010

Les prisons anglaises, vivier de l'extrémisme

Un détenu britannique sur dix pourrait être converti à l'extrémisme par des codétenus djihadistes, selon le groupe de réflexion Royal United Services Institute.



Les prisons britanniques seraient le berceau de la radicalisation des détenus. C'est la conclusion d'un rapport du think-tank Royal United Services Institute, pour qui l'une des plus grandes menaces à venir réside dans les centres de détention. Actuellement, 8.000 musulmans purgent leur peine en Grande-Bretagne. Selon Michael Clarke, directeur du think-tank, «800 radicaux potentiellement violents, condamnés à l'origine pour des crimes non liés au terrorisme, devraient être relâchés dans la société dans les cinq à dix prochaines années».



Or cette radicalisation dans les prisons change le visage du terrorisme. «La réaction naturelle à l'amélioration du contre-terrorisme a été l'évolution des attaques djihadistes, qui deviennent de plus en plus individuelles», affirme Michael Clarke. Des attaques isolées beaucoup plus difficiles à détecter par la police ou les services secrets du MI5.



On estime que Richard Reid, le citoyen britannique qui a tenté de faire exploser un avion avec une bombe dans sa chaussure en 2001, s'est radicalisé lors de sa détention au centre pénitencier londonien de Feltham Young Offenders' Institution. Il aurait en particulier suivi les prêches du détenu d'origine jamaïquaine Trevor Frost, emprisonné en 2003 pour incitation à la haine raciale.



Les JO 2012, une cible idéale



Ce phénomène d'attaques individuelles, non liées à un réseau chapeauté par un leader identifié, a déjà été constaté aux États-Unis. En témoigne la récente tentative d'attentat à Times Square, à New York, pratiquée par un islamiste non entraîné. Londres pourrait donc être confronté à des attaques qui ne ressembleront plus à celles du 7 juillet 2005, ni par leur ampleur, ni par leur organisation. En revanche, selon le rapport du Royal United Services Institute, les «djihadistes solitaires» pourraient toujours vouloir viser les sites les plus fréquentés, comme ceux accueillant les grands événements sportifs. Les Jeux olympiques de Londres en 2012 seraient une cible idéale tant pour les terroristes de l'ancienne que de la nouvelle école.



Le ministère de la Justice minimise ce phénomène dans les prisons. Selon un porte-parole, «une unité d'experts a été mise en place pour contrer les risques posés par les détenus aux vues extrémistes et qui pourraient vouloir influencer les autres». Les plus dangereux sont sous étroite surveillance. Abu Hamza, l'ancien videur de boîte de nuit, devenu une figure de l'islamisme radical britannique avant une peine de sept ans pour incitation au meurtre, est détenu dans un centre spécial dans le sud-est de Londres. L'objectif est d'éviter une éventuelle contagion de ses idées.



Article publié dans le Figaro du 2 septembre 2010



Photo (Abu Hamza, figure de l'islamisme radical britannique, est détenu dans un centre spécial afin d'éviter une éventuelle contagion de ses idées) : D.R.


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