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Réponse : Satisfaite, personnellement et, pour le CRIF qui est devenue une institution essentielle auprès des élus, de la presse, des acteurs de la vie économique, sociale et culturelle. Il est important d'être assuré du soutien et de la confiance des Présidents, confrontés eux mêmes aux particularités de leurs associations mais conscients du rôle fédérateur du CRIF.
Question : L'hebdomadaire Marianne (semaine du 21 juin 2004) a publié un article sur les Juifs de Nice, prétendant qu’ils seraient relativement hostiles aux arabes. Qu’en pensez-vous ?
Réponse : Il y a très certainement des réactions d'indignation contre l'intégrisme, contre l'intolérance et surtout contre les références quasi quotidiennes au conflit israélo palestinien, mais cela n'implique aucune hostilité directe envers les musulmans. Je préfèrerai que l’on mette l'accent sur les dialogues qui s'instaurent ou sur le travail du Choremam : une association régionale inter religieuse regroupant les représentants des religions monothéistes : chrétiens, juifs et musulmans.
Question : Où en est le dialogue interreligieux plus précisément ?
Réponse : Les relations avec les musulmans doivent être abordées avec lucidité, sans faux fuyants et avec un regard différent de celui que nous avions il y a vingt ans.
Nous donnons l'exemple du respect de la laïcité. Nous devons enrichir ce dialogue des expériences bonnes comme mauvaises, notamment de celles des séfarades qui ont vécu dans les pays du Maghreb. Mais je pense qu'il ne faut pas négliger non plus le dialogue judéo-chrétien. Nous avons besoin de mieux nous connaître. A l'occasion de la sortie du film de Mel Gibson « La Passion du Christ », l'évêché a organisé à Nice, une soirée débat œcuménique. J'ai été très sensible aux prises de position et au discours empreint de fraternité des organisateurs de la soirée mais j'ai aussi été très choquée par des réactions hostiles, certes très minoritaires, y compris de quelques jeunes. Je me suis rendue compte que nous devions davantage nous parler.
Question : Quelques élus de la région et de Nice ont été proches du Front national. Cela complique-t-il votre tâche ?
Réponse : Les idées extrêmes ont toujours compliqué la tâche de la démocratie et les dernières élections en ont été l'illustration. L'extrême droite fait un amalgame entre immigration et insécurité. Mais la communauté juive régionale a toujours été très mobilisée contre le Front National dont elle ne cautionnera jamais les idées. Elle saura demeurer vigilante.
Question : Qu'aimeriez vous faire durant votre mandat ? Quel est votre plus grand projet ?
Réponse : J'ai plusieurs objectifs. Accroître le travail avec les élus de droite comme de gauche et les responsables associatifs. Il est par exemple réconfortant d’avoir publié ensemble le 22 juillet 2004, un appel à la mobilisation civique pour que les citoyens se sentent concernés dans leur quotidien par la lutte contre le racisme et l’antisémitisme. Je tiens à remercier et à citer les signataires de cet appel. En premier lieu les députés du département : Bernard Brochand, Jean Leonetti, Lionel Luca, Jean Claude Guibal, Muriel Marlan Militello, Jérôme Riviere, Rudy Salles, Michèle Tabarot. Je veux citer également l’ancien ambassadeur d'Algérie, Mokhtar Louhibi ainsi que Christian Estrosi, député et président du conseil général des Alpes Maritimes, mais également Patrick Allemand, premier vice président du conseil régional. Je souhaite aussi saluer les comités départementaux de l’UMP et de l’UDF et la fédération départementale du Parti socialiste des Alpes maritimes, le soutien de l’évêché de Nice et de la Fédération protestante, les Imans de la Côte d'Azur, le rabbinat de Nice et bien sûr le consistoire de Nice et le consistoire régional. Etant donné l’urgence qu’il y avait à réagir rapidement, nous avons dû restreindre le nombre des personnalités et élus que nous avons sollicités, faute de temps. Mais nous sommes convaincus de l'adhésion sans réserve de l'ensemble des maires du département et des autres élus, autant que des services du rectorat et de l'inspection académique. J’ajoute que nous devons continuer notre travail de mémoire, tout en communiquant davantage avec la presse locale et tout en donnant de plus grandes responsabilités aux jeunes. De la même manière, me paraît-il important de donner un éclairage différent des Israéliens. A l'heure où les projecteurs restent uniquement braqués sur la violence, la mort, le terrorisme et la construction du mur de sécurité au Proche Orient, il est essentiel de faire découvrir la richesse humaine, artistique et culturelle du peuple israélien, pourtant confronté à la tragédie du terrorisme.
Propos recueillis par Marc Knobel