Henri Bulawko était un militant.
Il militait comme on vient de le dire pour la mémoire de la Shoah n'hésitant pas à faire des démarches au plus haut niveau quand cela était nécessaire.
Il militait pour Israël, rappelant sans relâche son droit à exister.
Il militait comme l'homme de gauche qu'il était, expliquant la gauche dans la Communauté, expliquant les Juifs aux partis de gauche.
Cette volonté permanente de travailler à améliorer un monde que nous savons imparfait, qui est souvent mauvais et même parfois violent, ce souci d'agir par l'action politique, illustrent le principe Tikun Olam, la volonté de réparer le monde.
Au moment de l'antisémitisme violent de l'Union soviétique, il créa avec d'autres, le Cercle Bernard Lazare, rassemblant la gauche juive, laïque et sioniste.
D'abord dans des locaux exigus rue de la Victoire, au 17, du côté opposé à celui de la synagogue ; puis plus au large, rue Saint-Claude dans le Marais.
Cinquante-sept ans plus tard, le Cercle travaille toujours, il est devenu un centre communautaire laïc où viennent chaque semaine 500 personnes.
Trois ans après la fondation du Cercle, Henri Bulawko, journaliste, comme nous le savons, estima qu'il fallait un organe de presse. Il créa les cahiers Bernard Lazare, à l'époque en format A5.
En 2011, les cahiers désormais en format A4, donc deux fois plus grands, sont publiés tous les mois, doublés d'une revue en yiddish, langue si chère à Henri Bulawko.
Je voudrais rappeler deux souvenirs, personnels certes mais communs à beaucoup d'entre nous :
- rue de la Victoire dans un petit bureau au milieu du tumulte d'une réunion qui allait commencer, Henri Bulawko, assis à sa table de travail, arrivait à se concentrer pour terminer dans les délais l'article qu'il avait promis ;
- plus récemment, Henri Bulawko qui continuait à venir chaque jeudi soir au Cercle Bernard Lazare, était un auditeur attentif de la conférence et du débat qui suivait. À la fin de la réunion, il venait à la tribune pour conclure. Son esprit synthétique lui permettait de résumer la discussion et d'en dégager l'essentiel. Surtout, il était toujours capable de trouver le witz qui soulignait son propos et qui faisait rire la salle.
Aujourd'hui, ce qu'Henri Bulawko avait créé pour agir, existe toujours et le Cercle Bernard Lazare semaine après semaine poursuit son action.
Le sens de l'humour que nous a montré Henri Bulawko tout au long des années, nous a appris à savoir rester optimistes même dans les plus dures situations.
Souvenons-nous de son exemple.
Joël Rochard, président du Cercle Bernard Lazare, 2 décembre 2011.
Photo : D.R.