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Publié le 5 Septembre 2007

Patrick Gaubert : A aucun moment il ne fut question de la paix

Patrick Gaubert, député européen et président de la Licra, était présent à la conférence de Bruxelles les 30 et 31 août derniers. Il nous confie ses impressions et appelle à la vigilance.


Question : Vous étiez présent à la conférence internationale de soutien de la société civile à une paix israélo-palestinienne organisée les 30 et 31 août à Bruxelles par le Comité des Nations Unies pour l'exercice des droits inaliénables des Palestiniens. Des appels au boycott et à l’isolement international d’Israël ont été lancés. Plus qu’un sommet pour la paix dans la région, ne s’agissait-il pas d’une campagne de diabolisation d’Israël ?
Réponse : Sous une apparente modération, ce ne fut que cela et la diabolisation aussi de ceux qui soutiendraient Israël en commerçant avec lui, Etats ou entreprises privées qui se voient menacées de boycott ou de sanctions.
A aucun moment il ne fut question sérieusement de la paix sauf à faire passer la recherche de la paix par la seule contrainte d’Israël, Etat qui agit, selon eux, en toute illégalité par rapport au droit international et à la lecture qu’ils en font, appelant ainsi à l’application des résolutions « pertinentes » (celles qui condamnent Israël), les autres n’étant pas pertinentes.
Question : Cette conférence a eu lieu au sein du Parlement européen. Lors des débats, on a, une fois de plus, comparé la politique israélienne à l’Apartheid sud-africain, l’accusant d’être par conséquent un Etat raciste et ségrégationniste. En accueillant ce sommet, n’est-ce pas une manière, maladroite et dangereuse, pour l’Union européenne de cautionner ces idées racistes et cette haine d’Israël ?
Réponse : Bien évidemment, les intervenants ayant bien pris soins de remercier lourdement le président du Parlement Européen et en insistant sur le fait que le déroulement de cette conférence dans cette enceinte prestigieuse lui donnait une autre dimension.
Ainsi, à leur corps défendant, les parlementaires et l’institution se retrouvent en quelque sorte pris en otage par des ONG monomaniaques à l’endroit d’Israël.
Qui plus est, leur positionnement outrancier sur la question que vous évoquez ne les désignent pas comme des incitateurs de paix, mais plutôt comme des souffleurs sur les braises de la haine.
Question : « Sionisme = racisme ». Ce slogan a été scandé lors de la conférence de Durban en 2001 où s’est affichée une haine d’Israël, des Juifs et de l’Occident. Les organisations juives et anti-racistes font part de leur inquiétude et appellent à la vigilance, d’autant plus qu’un Durban II est prévu en 2009. Comment éviter les dérives ?
Réponse : Malheureusement, le fait que la session préparatoire qui s’est déroulée à Genève du 27 au 31 août n’incite pas à l’optimisme. Tout indique que Durban 2 ressemblera à Durban 1.
La conférence sera ouverte à toutes les ONG présentes à Durban, y compris celles qui ne sont pas accréditées par l’ONU, le comité préparatoire est présidé par la représentante libyenne et le rapporteur nommé est le représentant cubain…
Il n’y a pas que les organisations juives qui doivent s’inquiéter, car ce comité, noyauté par l’OCI (Organisation de la conférence islamiste), cible aussi les démocraties occidentales coupables de racisme islamophobe (diffamation religieuse au prétexte de liberté d’expression) et d’antisémitisme (sic) à l’endroit des sémites arabes.
Propos recueillis par Stéphanie Lebaz