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Publié le 31 Octobre 2011

Point presse du ministère français des Affaires étrangères du 28 octobre 2011 (extraits)

Territoires palestiniens / UNESCO




Lundi (31 octobre 2011, ndlr.) apparemment, la question sera mise au vote de l’adhésion pleine et entière au statut d’État de la Palestine à l’UNESCO. Dans quel état de préparation est-on ? Est-ce qu’il y a des réunions préalables pour infléchir, retarder ou moduler l’action de la délégation palestinienne ? Où en est la France sur ce dossier ?



Nous n’avons pas changé sur le point de départ de notre position. Nous considérons que la conférence générale de l’UNESCO n’est ni le lieu, ni le moment pour lancer ou faire aboutir cette initiative. Les choses doivent se passer là où elles doivent se passer, c’est-à-dire à New York. A ce sujet, nous sommes en contact avec tous nos partenaires à l’UNESCO et en contact également avec les Palestiniens. Nous avons encore plus de deux jours devant nous. Nous sommes encore en train de travailler sur les différents paramètres.



Quand vous dites que c’est à New York que les choses doivent se passer, cela veut dire que c’est d’abord l’admission comme État avec un accord de paix avec Israël et ensuite, l’UNESCO irait de soi ?



C’est ce sens de la logique. La question est posée pour la reconnaissance d’un État palestinien, faisons les choses dans l’ordre et commençons par New York. C’est vrai aussi que c’est là que les problèmes commencent, c’est la raison pour laquelle le président de la République a proposé un autre chemin. Nos propositions sont toujours sur la table. Dans un souci d’efficacité et de résultats, pour que le projet des Palestiniens avance, il faudrait passer par l’Assemblée des Nations unies avec, en couplage, la reprise des négociations entre Israéliens et Palestiniens. Pour l’instant, si on continue comme cela au Conseil de sécurité, cela va mal se terminer. On l’a dit, il faut continuer le travail pour faire passer les choses vers l’autre voie, mais nous n’y sommes pas encore car le comité d’adhésion du Conseil de sécurité travaille, le moment venu le Conseil de sécurité aura à se prononcer. Nous essayons d’éviter que l’on aille dans le mur au Conseil de sécurité. C’est dans un souci d’efficacité que nous disons que l’UNESCO, n’est ni le lieu ni le moment. Par ailleurs, nous avons des contacts avec les uns et les autres de façon permanente et, s’agissant des Palestiniens, nous leur disons de bien réfléchir notamment aux propositions qu’a faite Nicolas Sarkozy devant l’Assemblée générale des Nations unies à New York. Et le second message que nous passons à tous, c’est de dire que l’essentiel passe par une reprise des négociations. Ce sera là aussi le déblocage de beaucoup de choses. La dernière négociation en date c’est la réunion il y a quelques semaines du Quartet avec des contacts bilatéraux. On espère que les choses vont bouger mais, pour le moment, il faut continuer à pousser et à convaincre.



Tunisie



Est-ce qu’il y a une réaction du ministère sur les événements de cette nuit à Sidi Bouzid ?
D’autre part, l’Union européenne a félicité le parti Ennahda pour sa victoire et la bonne tenue des élections. Est-ce que cela peut changer la coopération qu’on pourrait avoir avec la Tunisie aujourd’hui ?



Nous avons suivi avec beaucoup d’attention l’annonce des résultats provisoires qui ont été donnés hier en fin de soirée. Il faut savoir que les résultats définitifs sont attendus pour demain ou après-demain. Nous ne sommes pas encore au bout du processus des règles constitutionnelles tunisiennes en matière de proclamation des résultats complètement définitifs. Respectons ces règles. Les résultats provisoires ont été annoncés hier à Sidi Bouzid et il semblerait qu’il y ait eu quelques troubles. Nous souhaitons que le processus de transition démocratique dans lequel se trouve encore la Tunisie se déroule dans le calme. À cet égard, nous faisons confiance à l’esprit de responsabilité et à la maturité des Tunisiens. Nous faisons aussi confiance au sens de responsabilité des autorités tunisiennes actuelles et des formations politiques qui ont pris part à la compétition électorale. S’agissant de la relation entre la France et la Tunisie, indépendamment de l’actualité de la politique intérieure tunisienne qui appartient aux Tunisiens, nous restons déterminés à accompagner ce pays, et continuerons à l’être à l’avenir. C’est notre position politique centrale. Nous avons été parmi les tout premiers pays après le départ de M. Ben Ali à nous mobiliser pour la Tunisie. Je rappelle que, tout au long du printemps dernier, en étroite concertation avec les autorités tunisiennes, nous avons mobilisé des programmes de coopération, en particulier actualisés à la lumière des priorités identifiées par et avec les nouvelles autorités tunisiennes. Je rappelle également que c’est la France qui a pris l’initiative d’inviter la Tunisie avec l’Égypte au Sommet du G8 à Deauville et que nous sommes sortis de ce sommet avec ce que l’on appelle désormais le «Partenariat de Deauville». Il y avait déjà, à l’époque, dans ce Partenariat, 40 milliards d’euros sur la table.
Ensuite, nous sommes passés au mois de septembre où se sont déroulées deux réunions ministérielles importantes consacrées au «Partenariat de Deauville», organisées par la Présidence française du G8 : la réunion ministérielle Finances du G8 à Marseille sur le «Partenariat de Deauville» et la réunion ministérielle Affaires étrangères consacrée au «Partenariat de Deauville» à New York présidée, en ce qui nous concerne, par Alain Juppé. Et, au terme de ce processus, nous sommes ressortis avec un résultat plus ambitieux encore. D’abord, en termes de nombre de participants du Partenariat. À Deauville, il y avait la Tunisie et l’Égypte. Maintenant, nous avons la Tunisie, l’Égypte, le Maroc, la Jordanie et la Libye. Ambitieux également parce qu’à Deauville nous avions 40 milliards d’euros, et maintenant nous en avons 80. Donc la détermination de la France à aider les Tunisiens à écrire cette nouvelle page de l’histoire de leur pays et surtout de leur nouvelle démocratie, est sans faille.



Avez-vous un commentaire sur la victoire d’Ennahda ?



Non, pas encore. Nous aurons certainement l’occasion de nous prononcer lorsque les résultats seront disponibles. Les Tunisiens se sont donné des règles du jeu. Les résultats officiels et définitifs doivent intervenir très rapidement, donc nous nous exprimerons à ce moment-là. Mme Ashton s’est prononcée ce matin, et elle s’est prononcée également en notre nom. Nous nous prononcerons aussi lorsqu’il y aura les nominations : un nouveau Premier ministre, des nouveaux membres du gouvernement, un nouveau ministre des Affaires étrangères. Respectons à la lettre l’échéancier électoral des Tunisiens. Laissons-les annoncer eux-mêmes les résultats officiels et définitifs. Nous accompagnons le mouvement. Q - M. Juppé a déclaré il y a deux jours : je pense que l’aide à la Tunisie allait être dorénavant conditionnée par le respect des droits de l’Homme et l’égalité entre les hommes et les femmes. Est-ce que vous avez l’intention de contacter les responsables du parti Ennahda pour leur communiquer vos attentes à ce niveau ?



Vous oubliez quelque chose de ce qu’a dit Alain Juppé à cette occasion : la confiance. Il est important de le rappeler.



Sur la vigilance, il a dit ce que nous avions à dire, ce qui est tout à fait dans l’ordre des choses. Il y a un certain nombre de principes auxquels nous sommes particulièrement attachés et sur lesquels nous sommes particulièrement vigilants dans ces pays. Vous avez cité la Tunisie mais nous avons aussi eu la même attitude concernant la Libye après les déclarations du président du CNT. Nous sommes attachés à nos valeurs, valeurs défendues et pour lesquelles les gens en Libye ou en Tunisie sont descendus dans la rue. Il a dit que l’on fera confiance, c’est un rappel important. Il a indiqué qu’il ne fallait pas se laisser enfermer dans le dilemme extrémisme religieux ou dictature, c’est peut-être confortable intellectuellement mais il faut faire un effort car ce qui est en jeu dans ces pays est très important. Rappelons-nous qu’il y a forcément toujours d’autres voies possibles comme celles de la démocratie. Ne préemptons pas l’avenir, laissons aux peuples le soin de faire ce travail de maturation pour qu’ils se prononcent.



Syrie



Y a-t-il un changement de la position française concernant la présence d’Éric Chevallier en Syrie ?
Rien de nouveau concernant M. Chevallier. Nous n’avons pas d’élément nous permettant de prendre une décision comme celle que les Américains ont prise concernant leur ambassadeur. En ce qui concerne sa sécurité, nous sommes particulièrement vigilants, nous prenons toutes les dispositions nécessaires pour lui-même mais également pour tous ceux qui sont en poste à Damas.



Libye



On a entendu que le fils de Kadhafi, Seif Al-Islam, est à présent au Niger. Il veut qu’un avion l’amène à la Cour pénale internationale à La Haye. Avez-vousdes informations à ce sujet ? Avez-vous une idée de la date de ce vol ?



De notre point de vue, il est évident que la place de ce monsieur est devant la Cour pénale internationale. Nous ne savons pas s’il se trouve ou non au Niger ou au Mali. Enfin, les règles concernant la Cour pénale internationale doivent être respectées par tous. Le moyen de transport nous importe peu, ce qui est important, c’est qu’il se retrouve devant la Cour pénale internationale. Le plus tôt sera le mieux.



Photo : D.R.



Source : diplomatie.gouv.fr