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Publié le 11 Mars 2011

Prasquier à 20minutes.fr : «Le déicide a servi de prétexte à la persécution des juifs pendant des siècles»

Richard Prasquier, le président du CRIF, commente les propos du Pape selon lesquels le «peuple» juif n’est pas responsable de la mort du «Christ», dans un entretien à 20minutes.fr, vendredi 11 mars 2011.




Comment expliquez-vous cette nécessité de rappeler une nouvelle fois que les juifs n’ont pas tué Jésus?



Le pape a écrit un livre qui est en grande partie historique. Ses conclusions sont tirées d’une exégèse approfondie. Il est logique que dans un livre sur la vie de Jésus de Nazareth, sa mort soit évoquée. De plus le déicide a servi de prétexte à la persécution des juifs pendant des siècles. L’initiative du pape de rappeler le contraire est importante. Contrairement à ce qui est dit, le concile Vatican 2 n’a pas explicitement affirmé l’innocence de la communauté juive dans la mort de Jésus. Il l’a dit implicitement mais ne l’a pas clairement exprimé. Enfin, même si pour l’immense majorité des catholiques les juifs n’ont pas tué Jésus, il est important que le Benoît XVI de part sa fonction, le rappelle.



Benoit XVI écrit dans son livre, que lorsque l’évangéliste Jean désigne «les juifs» comme principaux accusateurs du Christ, il n’accuse pas le peuple d’Israël mais l’aristocratie du temple. Pouvez-vous nous parler de cette aristocratie du temple?



Premièrement, il est important de signaler que Jean était lui-même juif, comme Jésus et tous ses apôtres. Cette aristocratie du temple était un groupe qui contrôlait les fonctions religieuses. Les personnes qui en faisaient parti étaient proches des autorités romaines. L’époque était en outre en pleine hésitation politique. Les propos de Jésus qui assurait être le fils de dieu étaient considérés comme hérétique. En outre, il rassemblait les foules et remettait en cause l’autorité romaine ainsi que celle de cette aristocratie du temple évoqué par Benoit XVI.



Pensez-vous que l’initiative de Benoît XVI constitue surtout un bon moyen de réconcilier l’église catholique avec la communauté juive après la dégradation de leur rapport suscitée par la réintégration de l’évêque Williamson?



Non je ne pense pas. Le pape se situe à un autre niveau. Il n’a d’ailleurs jamais varié sur ses positions vis-à-vis du Judaïsme. On peut ne pas être d’accord avec certaines mesures prises par Benoît XVI, mais il ne s’agit nullement d’une stratégie.



Propos receuillis par Baptiste Thion



Photo : © 2011 Erez Lichtfeld



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