Actualités
|
Publié le 19 Décembre 2011

Razan Ghazzawi, «blogueuse courage» de la révolte syrienne

Elle animait un blog en Syrie sous son vrai nom, au vu et au su du régime de Bachar al-Assad. Depuis le 4 décembre 2011, Razan Ghazzawi croupit en prison, "punie" pour son militantisme sans concession. "C'est une fille courageuse et très passionnée", affirme Abir, une militante libanaise des droits de l'homme et amie de Razan qui préfère utiliser un pseudonyme. Cette bloggeuse américano-syrienne de 31 ans est accusée d'avoir "affaibli le sentiment national", "créé une organisation qui vise à changer le statut social et économique de l'État" et "ravivé les dissensions confessionnelles", selon le Centre syrien pour l'information et la liberté d'expression.



Elle est passible de trois à quinze ans de prison. Son cas rappelle ceux de blogueurs détenus en Égypte : Maïkel Nabil, condamné à deux ans de prison pour avoir critiqué les forces armées, ou Alaa Abdelfattah, toujours en détention préventive. Trois jours avant son arrestation, à l'occasion d'un "vendredi de la colère" en Syrie, cette brune aux cheveux courts avait écrit sur son compte Twitter (@RedRazan) : "Mon Dieu, faites en sorte que ça soit le dernier vendredi avec le régime du (parti) Baas au pouvoir"… La jeune Syrienne militait sur tous les fronts, et a même fait un séjour en Égypte où elle a participé à des manifestations sur la place Tahrir au Caire, emblématique de la révolte qui a provoqué la chute de Hosni Moubarak en février. Selon un proche de Razan qui a requis l'anonymat, "son arrestation signifie que les gens qui pensent ne sont pas les bienvenus en Syrie". Quelques jours avant son arrestation, elle twittait, comme dans un pressentiment : "Si quelque chose m'arrive, je veux que vous sachiez : le régime n'a pas peur des détenus, mais de ceux qui n'oublient pas les détenus".



Photo (Razan Ghazzawi): D.R.



Source : le Point