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Publié le 11 Janvier 2012

Reportage d'Enderlin en 2000 à Gaza: Canal+ condamné en appel pour diffamation

La cour d'appel de Versailles a confirmé, jeudi 6 janvier 2012, la condamnation de Canal+ pour diffamation envers le directeur d'une agence d'évaluation des médias, qui avait affirmé que le fameux reportage de France 2 en 2000 sur la mort à Gaza d'un enfant palestinien était truqué.



Le directeur de l'agence Media Ratings, Philippe Karsenty, avait attaqué en justice Canal+ après la diffusion en avril 2008 d'une émission intitulée "Jeudi investigation -rumeurs, intox: les nouvelles guerres de l'info".



M. Karsenty s'estimait diffamé dans plusieurs passages d'un reportage de Canal+ portant sur la controverse autour d'un reportage de Charles Enderlin, correspondant permanent de France 2 en Israël, sur la mort d'un enfant palestinien, Mohamed Al-Dura, à Gaza en septembre 2000.



Il y était notamment présenté comme "l'un des chefs de file de la croisade menée contre Charles Enderlin".



La cour d'appel a confirmé le jugement du 10 juin 2010 du tribunal de Nanterre, qui avait condamné la chaîne cryptée, son PDG Bertrand Méheut et TAC Presse à verser un euro de dommages et intérêts à M. Karsenty.



Dans son arrêt dont l'AFP a obtenu copie, la cour a estimé que "la thèse soutenue par Philippe Karsenty consistant à dire que le reportage sur la mort de Mohamed Al-Dura n'était qu'une mise en scène destinée à servir des intérêts politiques pouvait à tout le moins être valablement contestée".



Les juges ont toutefois considéré qu'"il n'est fait état à aucun moment dans l'émission critiquée des éléments qui ont fait naître la thèse de la mise en scène ne serait-ce que pour les discuter afin de mettre en lumière, le cas échéant, leur caractère fantaisiste".



Au coeur de la controverse, un reportage de Charles Enderlin, tourné dans la bande de Gaza le 30 septembre 2000, montrant Mohammed al-Dura, 12 ans, perdre la vie lors d'un échange de tirs entre l'armée israélienne et des activistes palestiniens. Les images avaient donné lieu à une polémique sur l'origine des tirs ayant provoqué sa mort et sur une éventuelle mise en scène.



Lassée des accusations de "bidonnage", France 2 avait attaqué en diffamation Philippe Karsenty, qui affirmait que le reportage avait été truqué. Condamné en première instance, M. Karsenty avait été relaxé en appel en 2008. France 2 s'est pourvu en Cassation pour le 14 février prochain.



Le parquet général favorable au rejet du pourvoi



Le parquet général devrait recommander, le 14 février 2012, à la Cour de cassation de rejeter le pourvoi formé par France 2 et Charles Enderlin dans l'affaire al-Dura, cette polémique autour d'un reportage sur la mort d'un enfant palestinien à Gaza, a-t-on appris mardi de source judiciaire.



Au coeur de la controverse, un reportage de Charles Enderlin, correspondant permanent de France 2, et de son caméraman palestinien, Talal Abu Ramah, tourné dans la bande de Gaza le 30 septembre 2000, dans les premiers jours de la deuxième Intifada.



Protégé par son père, Mohammed al-Dura, douze ans, y perdait la vie lors d'un échange de tirs entre l'armée israélienne et des activistes palestiniens. Les images avaient donné lieu à une polémique sur l'origine des tirs ayant provoqué sa mort et sur une éventuelle mise en scène.



Lassée des accusations de "bidonnage", France 2 avait attaqué en diffamation le directeur de l'agence Media Ratings, Philippe Karsenty, qui affirmait que le reportage avait été truqué.



Condamné en première instance, Philippe Karsenty avait été relaxé en appel, la cour reconnaissant que les images étaient sujettes à débat.



M. Karsenty a "exercé de bonne foi son droit de libre critique" et "n'a pas dépassé les limites de la liberté d'expression", avait estimé dans son arrêt la cour d'appel de Paris, qui avait décidé de relaxer le prévenu, sans se prononcer explicitement sur le contenu du reportage.



France 2 s'était immédiatement pourvue en cassation. C'est ce pourvoi qu'examinera le 14 février la chambre criminelle de la Cour de cassation.



Selon une source judiciaire, l'avocat général estime dans son avis que "la cour d'appel a bien recherché l'existence des quatre critères habituels de la bonne foi et minutieusement analysé chacun d'entre eux: la légitimité du but poursuivi, l'absence d'animosité personnelle, la prudence (...) dans l'expression et la qualité de l'enquête".



La cour d'appel a, d'après l'avocat général, motivé sa décision "sans insuffisance ni contradiction".



Par ailleurs, il considère que la cour d'appel était "fondée" à exiger de France 2 la production des rushes, dont le prévenu n'avait pu obtenir communication, compte tenu des réticences de la chaîne.



Source : l’Express