Actualités
|
Publié le 14 Janvier 2009

Rivon Krygier : Nous voulons exporter le message de paix

La synagogue Adath Shalom, la salle de prière musulmane de Javel et la paroisse Saint-Léon, trois communautés religieuses situées dans le 15e arrondissement, organisent une soirée de chants et de prières pour la paix au Proche-Orient mercredi 14 janvier.


Rivon Krygier, le rabbin d’Adath Shalom, communauté Massorti de Paris, a bien voulu répondre aux questions pour la newsletter du CRIF.
- Vous organisez une soirée d’appel à la paix avec deux autres communautés religieuses de votre quartier. Comment est partie cette idée ?
- Cela fait plusieurs années déjà qu’Adath Shalom est engagé dans le dialogue interreligieux de manière rapproché. Il s’agit d’être en bonnes relations avec la paroisse Saint-Léon qui est notre voisine et la salle de prière musulmane de Javel.
Cela fait plusieurs années que nous avons organisé des rencontres, des conférences et des visites communes. Il nous paraissait logique que nous devions mener une action parce que c’était l’heure de vérité. Il est très beau de faire du dialogue interreligieux mais si c’est pour se dire des choses convenues et insipides ça n’a pas beaucoup de raison d’être. Or en période de guerre entre Israéliens et Palestiniens, il était important qu’un message fort passe en faveur de la paix.
- Quel message voulez-vous faire passer aux personnes qui seront présentes ?
- La réunion de demain est très explicitement non politique et non partisane. Il y a aujourd’hui des personnes qui veulent importer le conflit israélo-arabe en France. Notre message est simple : nous voulons exporter modestement le message de paix en France et pour tous ceux qui nous entendrons. Quelque soit les enjeux militaires ou autres du conflit, il est essentiel pour Juifs et Musulmans, pour Israéliens et Palestiniens de trouver des voix de coexistence, de respect mutuel et d’exprimer ce désir de réconciliation. Sans cette reconnaissance profondément humaine, aucune paix ne sera jamais possible au Moyen-Orient, aucune victoire militaire ne permettra d’assurer la sérénité.
- Quelle est la nature des relations entre les trois communautés. Les relations touchent-elles seulement un petit groupe de personnes ? Y a-il déjà eu des tensions ?
- Il n’y a pas de conflit. Il y a déjà eu quelques tensions lors de rencontres passées. Mais quoi de plus naturel. S’il n’y avait pas de tensions, il n’y aurait pas raison de tenter le dialogue.
Le dialogue c’est se reconnaître sur un plan humain, c’est s’apprécier, se démystifier. Par là, grâce à la franchise, des messages humains passent et des stéréotypes tombent. Notre initiative aujourd’hui est locale mais elle a une haute valeur symbolique. Elle a une valeur emblématique.
Je suis convaincu que bon nombre de Juifs, de Musulmans mais aussi de Chrétiens seront extrêmement sensibles à ce message.
Je ne peux pas comprendre que dans les rues de Paris ceux qui se prétendent pacifistes manifestent avec des cris de « mort à ». Si on est vraiment pacifiste, il faut manifester pour qu’Israéliens et Palestiniens se retrouvent à la table des négociations, reconnaissent leur droit à l’existence et établissent deux Etats en bonne relation. Ça c’est la bonne raison de manifester !
Sur un plan religieux, il faut un respect mutuel entre Juifs et Musulmans. Ce sont deux religions monothéistes fondamentales. Le monothéisme dit que nous avons qu’un seul Dieu. Ce n’est pas une simple formule. Cela a lourdes et importantes implications.
Propos recueillis par SL
Photo : D.R.