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Publié le 1 Août 2008

Roger Pinto : il faut intensifier l'action pour la libération de Gilad Shalit, sans oublier Ron Arad

Dès juillet 2006, Roger Pinto constitue le Comité international pour la libération des trois soldats israéliens. Pour la newsletter du Crif, il rappelle les grandes étapes de cette action qui, après la restitution des corps d'Eldad Regev et Ehud Goldwasser, se poursuit sans relâche pour la libération de Gilad Shalit.


Question : Roger Pinto, vous êtes l'initiateur du comité international pour la libération des trois soldats israéliens en juillet 2006, à peine quelques jours après le kidnapping d'Eldad Regev et Ehud Goldwasser par le Hezbollah et un peu plus d'un mois après celui de Gilad Shalit par le Hamas. Quelles ont été les grandes étapes de cette action.
Roger Pinto : En plein mois de juillet 2006, alors même que se déroulait le conflit entre Israël et le Hezbollah, conflit provoqué par une agression du Hezbollah contre Israël et l'enlèvement sur le sol israélien des soldats Regev et Goldwasser, j'ai été approché par trois personnalités israéliennes Yehuda Lancry, Mordechaï Elgrabli et Uzi Dayan pour recevoir à Paris les familles des otages. Nous avons très vite mis sur pied au nom de Siona un Comité international avec les représentants de 21 pays et à fin juillet 2006, les familles Regev et Goldwasser ont pu rencontrer des personnalités de premier plan, comme Philippe Douste-Blazy, ministre des Affaires étrangères d'alors ou Nicole Guedj, conseillère du président de la République. Une grande réunion s'est tenue au CRIF et un office s'est déroulé à la synagogue Buffault, le 30 juillet avec plus de mille participants.
Les familles des soldats se sont rendues au moins quatre fois en France et nous avons organisé un véritable marathon à travers le monde. Notre objectif était très clair : notre solidarité de tous les instants était le seul moyen que les trois otages ne tombent pas dans l'oubli, comme ce fut le cas pour Ron Arad. Nous souhaitions que Gilad, citoyen franco-israélien -et du même coup, Ehud et Eldad- fasse l'objet d'une mobilisation aussi forte que celle dont bénéficiait la franco-colombienne Ingrid Betancourt;
Nous n'avons cessé d'intensifier notre action et, à, partir de l'été 2007, je citerai comme exemple de notre action, les 45 manifestations à travers la France, l'office à la grande synagogue de La Victoire, l'envoi de 10 000 posters appelant le public à ne pas oublier les otages. En octobre 2007, Bertrand Delanoé a accédé à notre demande, soutenu par la droite et la gauche municipale, à l'exception des Verts, et les portraits des trois soldats, en présence de leurs familles ont été apposés dans le jardin Yitshak Rabin au parc de Bercy dans le 12ème arr. de Paris.
Je veux aussi rappeler que les portraits de Gilad, Ehud et Eldad installés au jardin Yitshak Rabin ont été sans cesse tagués, dégradés, vandalisés par de prétendues organisations pro palestiniennes. C'est tout dire des objectifs de ces gens-là !
En novembre 2007, le Comité international et Siona, fortement soutenus par le CRIF et le Consistoire de Paris ont amené 5 000 manifestants devant le siège du parlement européen.
Question : Quels enseignements tirez-vous de cette action ?
RP : Nous avons parfois été très heureusement surpris par la mobilisation réussie de petites communautés, à l'instar de celle du Chili qui a obtenu une motion de soutien au parlement, celles de Serbie ou encore de la République tchèque.
La communauté juive de France, quant à elle, et notamment grâce au CRIF et au Consistoire de Paris, a été exemplaire.
En revanche, la presse nationale, à de rares exceptions près, ne s'est pas beaucoup intéressée au sujet.
Question : Après deux ans d'attente angoissante, ce sont finalement deux cercueils que les terroristes du Hezbollah ont échangé avec Israël contre des terroristes bien vivants; Quel est votre sentiment ?
RP : Ces deux années ont été terriblement éprouvantes pour les familles des soldats, leurs amis et tous ceux qui les soutiennent. Comme vous le savez, nous avons tenu à nous rendre, avec Marc Bensimhon [ndlr ; membre de Siona et du Comité directeur du CRIF] le 17 juillet dernier aux obsèques d'Ehud, le matin à Nahariya et celles d'Eldad, l'après-midi même à Haïfa Les familles étaient effondrées. Pensez à Karmit Goldwasser, la jeune veuve d'Ehud qui l'avait épousée seulement dix mois avant son enlèvement.
Ce fut un extraordinaire élan de solidarité, avec la présence de l'épouse de Ron Arad et du père de Gilad Shalit.
Question : Quelles actions pour l'avenir ?
RP : Nous intensifierons encore notre action qui n'a jamais cessé.
Des mairies comme Nice, Cannes, Le Raincy, Saint Mandé ont apposé des photos de Gilad. Je rappellerai cette triste cérémonie du vendredi 25, où nous nous sommes retrouvés avec Richard Prasquier, l'Ambassadeur Daniel Shek et Pierre Schapira, adjoint au maire de Paris, entourés de centaines de militants, pour retirer les photos d'Eldad et Ehud et réinstaller seule celle de Gilad.
Agir pour Gilad Shalit, agir pour Ron Arad, c'est le symbole du rassemblement du peuple juif et nous savons que seule une mobilisation de tous les instants est susceptible de donner des résultats.
Merci, Roger Pinto et nos sincères félicitations pour la naissance de Solal Roger, votre premier petit-fils.
Propos recueillis par Jean-François Strouf.