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Publié le 21 Juillet 2009

Saada : l’antisionisme doit être combattu par égard pour les valeurs françaises

Daniel Saada, a occupé à l’Ambassade d’Israël plusieurs fonctions au cours de ces deux dernières années : il a assuré l’intérim du Ministre plénipotentiaire et dirigé le service politique. Il a coordonné la visite d’Etat du président Peres en mars 2008, puis accompagné l’organisation des festivités du 60ème Anniversaire organisées au Trocadéro à Paris en mai 2008. Ces derniers mois, il a assuré la direction du Service d’Information. Avant son retour en Israël, il dresse un bilan de son séjour parisien.




Les relations France-Israël ont-elles évolué depuis l’accession au pouvoir du Président Sarkozy ?
Oui sans conteste, même si cette évolution positive a été entamée avant mai 2007. La France et Israël entretiennent aujourd’hui des relations apaisées, un dialogue - notamment politique et diplomatique - serein, une coopération fructueuse dans de nombreux domaines (les sciences, la technologie, la médecine, le commerce, les arts, la culture etc.). Les divergences existent toujours mais sont gérées avec responsabilité de part et d’autre. Incontestablement, l’empreinte personnelle de l’amitié qu’exprime régulièrement le Président Sarkozy vis-à-vis d’Israël et du peuple juif influence le cours de ces relations.



Donc tout va bien ?
C’est un constat sans doute trop ambitieux pour l’accepter comme tel. Et puis une telle affirmation risquerait de démobiliser tous ceux qui œuvrent à entretenir et approfondir les relations entre nos deux pays. Ceci dit, il me semble que l’année 2008 restera dans les mémoires comme le symbole très fort du renouveau de ces relations : la visite d’Etat du président de l’Etat d’Israël en mars (la troisième en France d’un président israélien !) que le président Sarkozy a rendue en juin en Israël ; la littérature israélienne à l’honneur du prestigieux Salon du Livre de Paris ; la soirée du 25 mai 2008 place du Trocadéro aux pieds de la Tour Eiffel pour fêter les 60 ans d’Israël aux côtés des plus hautes autorités de la France et d’Israël, en présence de 40000 personnes et autour d’une kyrielle d’artistes, d’animateurs et de personnalités. A ces événements à fort retentissement public, il convient aussi d’ajouter les échanges politiques et professionnels entre nos deux pays qui se maintiennent à un rythme soutenu : des dizaines de ministres de chaque côté se rencontrent régulièrement pour approfondir et renforcer la coopération bilatérale.



Et pourtant Israël continue d’alimenter la polémique et la critique notamment dans la presse.
Il faut en effet distinguer entre les relations d’Etat à Etat et les manifestations publiques d’hostilité à Israël qui sont le fait de militants qui imprègnent une atmosphère délétère – teintée de relents nauséabonds - autour de la question palestinienne. La réprobation d’Israël, pour reprendre la formule d’Alain Finkielkraut, perdure et se développe de manière inquiétante dans de nombreux cercles de la société française. De nouveaux lieux communs s’établissent dans lesquels se plongent des militants en quête d’émotion ou des médias en chasse de sensation. Il est inacceptable qu’Israël soit le seul pays qui subisse de tels débordements. Où sont ces militants et ces journalistes face à tant de tragédies et tant de misère sur la surface du globe. Pourquoi des manifestations de soutien au Hamas dans les rues de France pendant l’Opération « Plomb durci » à Gaza mais aucune pour dénoncer les crimes en Algérie, en Tchétchénie, au Congo ou au Sri Lanka ?



Israël communique-il bien et suffisamment ?
Assurément nous pouvons nous améliorer. Cependant je reste convaincu que l’essentiel n’est pas dans la qualité du message que nous pouvons apporter mais dans l’évolution des sociétés européennes sur la question d’Israël. L’antisionisme est aujourd’hui une réalité acceptée comme telle malgré la monstruosité du message qu’une telle idéologie sous-tend. Disons que si « Hitler avait déshonoré l’antisémitisme » comme l’avait écrit Bernanos, l’antisionisme - sous toutes ses formes - lui redonne ses lettres de noblesse. A l’aube de ce nouveau siècle, sur ce continent témoin et acteur de la Shoa, l’antisionisme doit être combattu non pas par souci de la défense des intérêts israéliens mais surtout par égard pour les valeurs de la République française.



Un souvenir particulier qui vous vient à l’esprit ?
Celui de ces centaines de Justes parmi les Nations, Français de toutes souches et toutes conditions que nous continuons à honorer semaine après semaine dans la France entière et qui contribuent à donner un autre versant du visage de la France – celui de l’honneur sauvé, de l’humanité, de la fraternité et de l’égalité, valeurs rares en ces temps d’ignominie mais qui ont contribué à épargner l’essentiels des Juifs de France à cette époque.


Photo (Daniel Saada) : D.R.
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