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Publié le 12 Février 2008

Trois questions à Pierre Besnainou*

1/ Pierre Besnainou, vous rentrez du Proche-Orient où vous avez effectué en compagnie de François Zimeray, le président de Medbridge, un voyage avec 70 parlementaires européens dans plusieurs pays de la région. Quel était le plus de cette mission ?


Cette mission, que nous avons organisée avec l’aide de Medbridge et François Zimeray, avait effectivement plusieurs spécificités. Tout d’abord, elle s’adressait à des parlementaires originaires de tous les pays d’Europe, et de toutes les tendances politiques. Ainsi, près de 25 pays étaient représentés durant ce voyage, de l’Allemagne au Portugal, de l’Estonie au Royaume Uni. Cela a permis d’avoir des échanges très riches, forts de l’héritage historique et politique de chacun.
Ensuite, les invitations s’adressaient exclusivement aux membres (Présidents ou vice Présidents) des commissions des Affaires Etrangères ou de Défense de chaque parlement ainsi qu’aux groupes d’amitié avec les pays de la région, avec Israël bien sûr mais aussi avec l’Autorité Palestinienne, la Jordanie, l’Egypte, l’Iran…Parmi tant d’autres, nous pouvons citer Jean Bardet, Président du groupe d’amitié France-Autorité Palestinienne, ou encore le vice-Président du groupe d’amitié entre le Royaume Uni et le Liban et le Président de la commission des affaires étrangères au Parlement autrichien.
Enfin, nous avons choisi un cadre de rencontres élargi pour cette mission. A coté des rencontres avec le Président Shimon Peres, Ehoud Olmert, Benyamin Netanyahu et Tsipi Livni, ainsi que le Président et le Premier Ministre de l’Autorité Palestinienne, nous nous sommes également rendus en Jordanie où nous avons eu une audience avec le Roi Abdallah II. Nous avons achevé notre visite en Egypte, où nous avons rencontré le Président du Parlement et des ministres de premier plan.
2/ Avez-vous le sentiment qu’Israéliens et Palestiniens travaillent sincèrement à la mise en application des décisions du sommet d’Annapolis ?
A l’issue de ce voyage, nous avons eu le sentiment très net qu’une étape était passée. En effet, aussi bien du côté israélien que palestinien, l’idéologie a laissé place au pragmatisme. De la Jordanie avec le Roi Abdallah II à Ramallah avec Mahmoud Abbas et Salam Fayyad, en passant par Ehoud Olmert à Jérusalem, les discours étaient partout sensiblement les mêmes. La configuration actuelle n’est plus celle d’une guerre entre Israël et le monde arabe mais plutôt celle d’une guerre entre d’une part Israël et les régimes arabes modérés comme l’Egypte et la Jordanie et d’autre part les extrémistes et terroristes du Hamas et du Hezbollah, bras armés de l’Iran. Les chefs d’Etat que nous avons rencontrés ont une volonté ferme et sincère de résoudre le conflit et de ne pas occulter la complexité des sujets en suspens.
3/ Vous avez rencontré un certain nombre de personnalités politiques en Israël, en Jordanie et en Egypte. Avez-vous l’impression que derrière les discours officiels, les opinions publiques suivent et si oui, dans quel sens ?
Nous nous sommes promenés dans les rues d’Amman et du Caire, nous avons eu des échanges avec la population locale. Si l’on devait résumer le sentiment général, ce serait celui d’une aspiration collective à la paix, à la tranquillité et à la fin de la violence. Les opinions publiques sont prises en otage par des groupes extrémistes qui souhaitent faire plonger la région dans le chaos.
*Pierre Besnainou est le président du FSJU.