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Publié le 21 Janvier 2008

Trois questions à Sefy Hendler

Sefy Hendler, Vous avez été le correspondant à Paris de Maariv puis de Yedioth Aharonoth pendant plusieurs années. Au terme de votre mission, comment voyez-vous l'avenir de la France ?



Il est risqué, même après plus de huit ans de mission en France, de prédire l'avenir. Cependant, je dirais que la dernière élection présidentielle est un élément positif à retenir. Les Français ont redécouvert le jeu politique après des années de stagnation et ont investi un président d'une mission clef: reformer ce beau pays en plein déclin.
Est-ce que Sarkozy est capable de le faire, est une autre question à laquelle il est difficile de répondre pour le moment. Il me semble que sans un changement profond dans le système de l'éducation et les lois qui gouvernent le marché du travail, l'avenir deviendra vite assez sombre. Du problème des banlieues au pouvoir d'achat, tout est lié !
. La France est un pays extraordinaire, mais il faudra une vraie réforme sur mesure pour la remettre en route. Il me semble que le moment historique est venu, mais pour l'instant, huit mois après la présidentielle, la tache reste encore à accomplir.
Vous avez été témoin de l'apparition d'actes de violences antisémites en France. Quelle importance faut-il leur donner ? Croyez vous à un augmentation de l'antisémitisme en France ?
L'antisémitisme est un phénomène mondial mais ses manifestations européennes inquiètent particulièrement et à juste titre.
En tant que correspondant israélien à Paris, la haine anti-juif m'a choquée.
De mon point de vue il fallait donner à ces événements une grande importance, comme l’ont fait le CRIF et quelques média.
Hélas, nous avons été assez seuls durant les années sombres 2000 à 2002. A l'époque, nous étions considérés comme des fantaisistes ou pire comme des pyromanes.
Dans les plus hautes sphères de la République il y avaient ceux qui étaient persuadés, et l'ont dit publiquement, qu'il s'agissait d'une manœuvre à laquelle participait la presse israélienne pour faire venir des juifs en Israël. Tardivement, les autorités ont compris que l'antisémitisme est avant tout un problème français et ont réagi avec la sévérité qu’il convenait. Malheureusement, il me semble que la bataille est loin d'être gagnée.
Quelle est votre évaluation des relations bilatérales entre la France et Israël? Pensez-vous comme David Martinon qu'on est revenu à une lune de miel, ou que la realpolitik finira par revenir au galop?
Il y a une incontestable amélioration des relations entre nos deux pays. Certes, cette détente a été voulue pour diverses raisons par Chirac et de De Villepin. Elle est devenue un vrai rapprochement sous Sarkozy.
Les lunes de miel sont d'habitude courtes et se terminent souvent par une désillusion.
Je préfère le terme de «vrai rapprochement» entre Paris et Jérusalem. «Vrai» dans le sens d'une réelle compréhension de la condition israélienne, qui manquait désespéramment à Chirac.
Le rapprochement est tangible, mais sur quelques fronts, la «realpolitik» reste très présente. Je trouve la volonté d'exporter le nucléaire civil presque à tout prix à des régimes très problématiques, dont la Libye très inquiétante.
Propos recueillis par Haim Musicant
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