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Publié le 3 Septembre 2008

Une école juive moderne plurielle

Aux portes, des mezouzot [boîtier contenant un parchemin sur lequel sont inscrits des versets bibiliques] roses, violettes… en pâte cuite. « Ce sont les enfants de l’école qui ont fabriqué toutes les mezouzot », explique la directrice de l’école juive moderne, Josée Vaisbrot. Ouverte à la rentrée 2007 dans le 17e arrondissement, cette école est née de l’initiative des trois communautés : Adath Shalom, MJLF et ULIF. Pour autant, elle ne s’inscrit pas dans une mouvance libérale mais plurielle. « Ici on rassemble toutes les pratiques de la communauté. On a à la fois des familles de mariage mixte et des familles orthodoxes modernes qui se retrouvent dans ce projet ». L’école a, en effet, instauré un « minimum commun » de pratique qui se définit par le respect de la cashrout du Beth Din [Tribunal rabbinique] de Paris, la prière le matin, les bénédictions avant de manger et le "Birkat amazon" [bénédictions après le repas]. L’enseignement des fêtes est vécu au quotidien. « L’école a fait une lecture de la Méguila [parchemin] à la fête de Pourim, un seder de Roch Hachana [repas traditionnel du Nouvel An juif], un repas sous la souccah [cabane] avec les parents à la maison Moadon. On a fait un seder de Pessah avec le rabbin Farhi. Chaque fois, on a invité un rabbin d’une des trois communautés », précise Josée Vaisbrot.


Débutant son année avec 24 élèves, l’école a enregistré pour la rentrée 2008, 60 inscriptions. Un vrai succès. « Les enfants sont heureux d’être là. Il y a un réel épanouissement. Les petits effectifs favorisent l’esprit familial à la fois dans la proximité avec les familles mais aussi avec les enfants. » Mais pas seulement. « C’est aussi la dynamique de l’équipe qui est pionnière d’un projet nouveau ». Cette équipe en septembre 2008 sera composée de 15 enseignants dont ceux du parascolaire. Tous sont diplômés de l’Education nationale. L’école propose un enseignement classique à côté d’un enseignement moderne et ouvert qui se définit sous trois axes : l’enseignement de l’hébreu moderne comme langue vivante, l’approche des textes bibliques qui se veut interactive et dans une démarche d’actualisation des pratiques. « Ce qui est fondamental c’est de vivre un judaïsme vivant et vécu. L’enseignement des textes ne se fait pas de manière dogmatique. Les enfants sont confrontés à l’actualité, à l’ouverture sur le monde ». Enfin, l’approche pédagogique qui est employée : « L’enfant doit être au centre des apprentissages qui se construisent à la fois avec la volonté de l’épanouissement de l’enfant et une prise en compte de chacun, de ses potentialités et de ses différences. Il s’agit d’une sorte d’enseignement individualisé dans lequel chacun avance à son rythme et l’enseignant respecte le rythme de chacun ».
Les effectifs des classes sont réduits. Il y a une petite section de maternelle avec 25 élèves ; un double niveau avec moyenne et grande section avec 12 élèves ; un CP avec 20 élèves ; un CE1-CE2 avec 10 enfants. Ces petits effectifs ont permis d’intégrer des enfants en difficulté. « C’était un vrai défi. Toute la réflexion de l’équipe sur l’accueil du handicap s’est tournée tout d’abord par rapport à la loi d’orientation de 2005 qui dit que le handicap doit être accueilli dans les écoles. Il fallait que l’on soit dans cette lignée. Les petits effectifs ont permis aux enfants de trouver leur place. » Une des professeurs, qui a 17 ans d’expérience, et diplômée du certificat d’aptitude pour l’enfance en difficulté a suivi ces enfants ainsi que des psychologues.
L’EJM est soutenue par la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, la Fondation Sacta-Rachi, la Fondation Eric de Rothschild et la Fondation Pincus en Israël. L’école a également mis en place un partenariat avec l’Alliance israélite universelle, l’Agence juive, la Maison Moadon et la Fondation Tali. Cette institution, créée en Israël, a traduit des manuels intitulés « Histoire et valeur », utilisés par l’école, et qui mettent l’accent sur les choix de récits bibliques en lien avec les valeurs juives et universelles. La directrice de l’école souhaite également mettre en place des échanges avec des écoles israéliennes.
« La spécificité de l’école c’est la transversalité entre les apprentissages, précise Josée Vaisbrot. Quand on fait un travail sur la vie juive on essaie de le lier à l’enseignement général. Les albums de la littérature sont choisis en lien avec les valeurs juives qui sont transmises dans les fêtes. A Pessah, nous sommes allées au musée du Louvre dans la galerie égyptienne. »
L’ancrage dans la citoyenneté et la volonté de ce biculturalisme permettent ainsi à l’enfant d’être à la fois un citoyen français et de développer son identité juive.
Vu le succès de ce projet novateur, les responsables de l’école voient plus loin et souhaitent créer un vrai réseau d’école, toujours dans le même esprit d’ouverture.
Stéphanie Lebaz
EJM
19 rue Roger Bacon 75017 Paris
Tel : 01 45 74 08 84
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