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Publié le 6 Octobre 2011

Zeinab Al-Hosni, victime de la répression syrienne, réapparaît à la télévision

La mort brutale de Zeinab Al-Hosni, une jeune syrienne de 18 ans dont le corps a été retrouvé mutilé par sa famille, est devenue emblématique de la répression sanglante du régime du président Bachar Al-Assad contre le mouvement de contestation. L'apparition, mercredi 5 octobre 2011, à la télévision syrienne d'une jeune femme se présentant comme étant Zeinab Al-Hosni soulève des questions sur le véritable sort de cette martyre de la contestation.




En septembre, son histoire avait fait le tour du monde, après l'annonce par des organisations internationales des droits de l'homme de la découverte de son corps décapité et démembré. L'organisation internationale de défense des droits de l'homme Amnesty International, dénonçant les exécutions de détenus en Syrie, avait cité le 23 septembre le cas de cette jeune femme, arrêtée à Homs, dans le centre du pays et dont le corps mutilé avait été récupéré par sa famille.



Selon Amnesty, Zeinab Al-Hosni a été enlevée par des hommes en civil le 27 juillet, apparemment pour faire pression sur son frère Mohammad pour qu'il se rende. Agé de 27 ans, il organisait des manifestations à Homs, l'un des foyers de la contestation, au nord de Damas. Le 13 septembre, leurs parents ont été convoqués dans un hôpital militaire pour récupérer le corps de Mohammad, lui-même arrêté, apparemment torturé, et mort en détention. Il a été tué par balle, a dit Amnesty.



Ils ont alors découvert le corps de Zeinab mais n'ont été autorisés à le récupérer qu'après avoir signé un document selon lequel leurs enfants ont été tués par une "bande armée". Zeinab avait été décapitée, démembrée et écorchée, selon Amnesty et d'autres ONG internationales, qui ont reçu une vidéo insoutenable présentant la dépouille présumée de la jeune fille.



"Je me suis présentée aujourd'hui à la police pour dire la vérité. Je suis vivante, contrairement à ce qu'ont dit les menteurs des chaînes de télévision par satellite", a dit la jeune femme lors de cet entretien télévisé, affirmant que sa mort avait été inventée pour "servir les intérêts étrangers".



"J'ai fui ma famille car mes frères me battaient. Mes parents ne savent pas où je suis", a affirmé, mardi soir, cette jeune fille présentée comme étant Zeinab, à la télévision syrienne. Habillée de noir, un voile sur la tête, la jeune femme a montré une carte d'identité portant le nom de Zeinab Al-Hosni. "Ils ne savent pas que je suis vivante. J'ai appris ma mort par les chaînes de télévision qui ont annoncé que la sécurité syrienne m'avait arrêtée et avait brûlé et découpé mon corps", a-t-elle ajouté.



"Nous avons parlé à la famille et ils ont confirmé que la personne apparue à la télévision était Zeinab", a dit à Reuters Nadim Houri, un représentant de l'organisation Human Rights Watch à Beyrouth. "La mère a dit que c'était bien sa fille", a ajouté Nadim Houri. Toutefois, M. Houri a souligné que la réapparition de l'adolescente n'enlevait rien au fait qu'une "femme décapitée avait été remise à la famille Hosni".



A la suite de ce démenti télévisé, Amnesty International a reconnu, dans un communiqué publié mercredi, que "ces éléments soulèvent bien entendu des interrogations à propos des informations diffusées par Amnesty International le 23 septembre sur la mort de Zeinab Al-Hosni et la découverte d'un corps à l'hôpital militaire de Homs". L'organisation internationale précise que cette déclaration était fondée sur des renseignements fournis de sources proches de l'affaire et ayant diffusé la vidéo montrant un corps démembré.



"Si ce corps n'était pas celui de Zeinab Al-Hosni, il devient évident que les autorités syriennes doivent révéler l'identité de cette personne, la cause et les circonstances de sa mort, et pourquoi il a été dit à la famille de Zeinab Al-Hosni que ce corps était celui de la jeune fille", poursuit l'organisation.



Le communiqué précise par ailleurs qu'Amnesty procède actuellement aux vérifications nécessaires pour faire toute la lumière sur cette affaire. "Comme toujours, cette tâche est rendue plus difficile par le fait que, tout comme d'autres organisations de défense des droits humains, nous n'avons pas pu nous rendre en Syrie, malgré nos demandes répétées auprès du gouvernement, pour pouvoir pleinement enquêter sur des affaires de ce type", conclut l'organisation.



Photo : D.R.



Source : le Monde du 6 octobre 2011