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Publié le 5 Juillet 2007

Zerbib : Je souhaiterai avoir à me battre pour la Communauté

Eric Zerbib est le Président de la délégation régionale du CRIF de Midi-Pyrénées.


Question : Eric Zerbib, vous êtes le nouveau Président d’une importante délégation régionale (du CRIF), celle de Midi-Pyrénées et vous succédez à Arié Bensemhoun. Comment se compose la communauté juive de Toulouse ? Quelles sont ses caractéristiques ?
Réponse : Je suis effectivement le nouveau président du CRIF Midi-Pyrénées qui est une importante délégation comme nous le savons. Pour ce qui est de la composition de la communauté juive de Toulouse, il faudrait poser cette question plus précisément au Président de l’ACIT à savoir Arié lui-même. Ce que je puis dire est que cette communauté se compose à près de 90 % de juifs sépharades venant essentiellement du Maroc ou d’Algérie. Nos jeunes représentent une quote part non négligeable, mais malheureusement, et à Toulouse, en tout cas, se perdent dans des groupes non communautaire. En effet, les EEIF partent en déliquescence du fait de leur manque d’entrain, mais également de la difficulté que rencontrent certains jeunes fréquentant depuis peu la communauté, et qui ont du mal à s’intégrer. Les BBYO, quant à eux, se reconstituent et organisent soirées ou rencontres (repas shabbatiques), voire séminaires. Ils ont tendances à « récupérer » les déçus des EEIF, mais ce n’est pas plus mal !. Je note aussi le dynamisme de l’Union des Etudiants Juifs de France dont le président est Marc Szchtulman, qui est quelqu’un de bien et dynamique. A ce sujet, j’ai souhaité, dès le début de ma présidence, associer plus de jeunes au CRIF. C’est ainsi que pas moins de trois jeunes figurent au sein de Comité Directeur du CRIF, lesquels, à ma demande, ont tous intégrer une commission afin de les associer au travail de notre institution.
Question : Que ressentent les membres de votre communauté en ce moment ? Comment perçoivent-ils les agressions qui sont perpétrées contre les Juifs ?
Réponse : Actuellement, la communauté juive toulousaine doit ressentir comme l’ensemble des communautés juives de France, à savoir un fort malaise, un fort mal être à être citoyen juif en France, et en 2007. Il semblerait que, et sans faire de politique, les dernières élections aient redonné espoir d’une plus grande compréhension (du fait sans doute aux ascendances juives de Nicolas Sarkozy), et d’une plus grande répression au cas d’actes, de propos ou d’agressions antisémites ! Je dirais, en conclusion, que bon nombre de nos correlégionaires pensent que, peut être la France n’est plus le pays qui peut leur assurer la sécurité et leur paix sociale, et pensent, soit à faire leur Ahlia en Israël, soit ailleurs (USA, Canada…). Mais une fois encore, j’insiste sur le fait suivant lequel les juifs du pays (et pas uniquement de Toulouse) espèrent que cela changera avec l’arrivée de Nicolas Sarkozy, en souhaitant que ce dernier ne les déçoive pas !
Question : Parlons de vous maintenant. Quel est votre parcours personnel ?
Réponse : Né le 13 Juin 1961 à Constantine (Algérie) d’une famille traditionaliste juive d’Algérie, mais parents ont dû quitter ce pays comme bon nombre d’autres en Décembre 1961. Arrivés en France, j’ai été hébergé chez une tante qui habitait à Paris. Mon père a passé différents concours dans l’administration et a pu intégrer ainsi l’administration préfectorale et muté à Bourg en Bresse (Ain-01). Quant à ma mère, salariée du milieu bancaire en Algérie, devait attendre plusieurs mois son intégration dans le même établissement bancaire. Son employeur devait lui envoyer une affectation dans une ville située à 300 Kms de notre nouveau lieu d’habitation, ce qu’elle devait évidemment refuser. Après quelques mois passés dans le froid, mon père devait demander sa mutation, ce qu’il obtint moins de deux ans après pour la ville d’Auch (département du Gers) où nous sommes restés 6 à 7 ans. Demeurant les difficultés à manger casher, mon père devait obtenir sa mutation pour Toulouse en Juillet 1969, où nous vivons depuis.
Cadet d’une fratrie de 3 enfants, j’ai très tôt fréquenter le mouvement de jeunesse juive « Dror » où j’ai rencontré mon épouse Golda. Après un baccalauréat de Technicien comptable, j’ai, en même temps fait Université des Sciences Sociales de Toulouse I (Droit), et l’Institut des Etudes Techniques Economique et Comptables (ITEC) dans l’espoir éventuellement d’être avocat ou expert-comptable. Mon seul but était de réussir. Après avoir eu mes diplômes aux deux universités, j’ai finalement opté pour la profession d’avocat.
M’étant marié en 1987, j’ai eu mon premier fils –Yohann- en 1989. Ayant prêté serment en 1992, et à la naissance de mon second fils –Gabriel- j’ai très tôt intégré la communauté de Toulouse en rentrant au B’nai B’rith (Loge Maimonide, puis la loge H’annah Szennes). Mon épouse s’est installée en tant de médecin généraliste à Toulouse en 1993. Un an après, j’ai intégré l’équipe de l’A.C.I.T. durant 4 ans.
J’ai été président de la loge Maimonide durant 3 ans, puis président de la loge H’annah Szennes durant 3 ans de plus, et enfin mentor 3 ans. Je cumulé mes fonctions de Président et de mentor de loge avec le CRIF que j’ai intégré très tôt aux alentours de 1995 (je crois).
Au CRIF j’ai été simplement représentant du B’nai B’rith à l’Assemblée Générale, puis j’ai été élu au Comité Directeur, Puis au Bureau comme secrétaire adjoint, puis Trésorier Adjoint, puis Secrétaire Général avec la Présidence de la commission Société, Citoyenneté Antisémitisme. J’ai enfin été élu Président du CRIF Midi -Pyrénées le 16 Avril dernier. Professionnellement, je suis donc libéral depuis 1992.
Question : Quelles seront les grandes priorités de votre présidence ? Quel est votre plus grand projet ?
Réponse : Comme je l’ai indiqué dans ma profession de foi, je souhaiterai avoir à me battre pour la Communauté et à l’extérieur, plutôt qu’à l’intérieur du bâtiment de l’Espace du Judaïsme (EDJ). Aussi, je refais en sorte de renouer le contact avec l’association des libéraux de France, à la condition qu’ils reviennent au sein du CRIF en adoptant les statuts et le Règlement Intérieur.
Pour ce qui est des priorités, je répondrais réellement que tout est priorité pour le CRIF et pour la Communauté. Cependant, je me dois de vous indiquer que mon grand projet est de me battre pour rappeler la détention de nos trois soldats détenus dans les geôles terroristes du Hamas ou du Hezbollah. Je l’ai déjà fait à l’occasion de la cérémonie en la Mairie de Toulouse, lors de la célébration de Yom Haatzmaouth, où interpellé par mes soins dans mon discours, le maire – Jean-Luc Moudenc – devait nous indiquer qu’il ouvrirait un cahier de témoignages et de pétition en faveur de ces libérations. Lors de la célébration du 40ème anniversaire de la réunification de Jérusalem, nous avons encore rappelé ceci. A cette occasion, nous avons imprimé un panneau avec la photo de chacun des trois soldats et avec un rappel de leur détention.
Question : Quels liens souhaitez-vous développer entre Israël et votre région ?
Réponse : Je crois réellement aux vertus de l’action économique. C’est ainsi que, depuis ma présidence, j’ai voulu associer la Chambre de Commerce France Israël (CCFI) au CRIF. C’est ainsi que le Président de la CCFI ainsi que trois autres membres ont intégré, à ma demande, le Comité Directeur. Un voyage auxquels sont conviés plusieurs chefs d’entreprise importants de la région devrait se déplacer du 29 Octobre au 4 Novembre en Israël, avec des rendez-vous pris sur place avec leurs homologues israéliens. Feront également partis du voyage, les Présidents des Conseils Régionaux et Départementaux, ainsi que le Maire de Toulouse. J’y serai également au titre du CRIF.
Question : Pourriez-vous nous résumer quelques actions phares prévues avant la fin de l’année 2007 ?
Réponse : Aux alentours du 11 Septembre 2006, il est prévu une journée conférence sur le Darfour, en collaboration avec la LICRA Aux alentours du 29 Novembre 2007, une journée sera organisé autour d’Israël (Conférence, Gastronomie, Livres,…) à l’instar des 24 h pour Israël que nous organisions il y a quelques années déjà ! Cette journée commencera la célébration du 60ème anniversaire de l’Etat d’Israël.
Question : Où en est le dialogue interreligieux dans votre région ? Comment considérez-vous ce dialogue ?
Réponse : Nous avons de réels et sincères contacts avec le Président des Amitiés Judéo-Chrétienne – M. Henri Planet - avec lequel j’entretiens de vrais rapports d’amitiés, et qui participe à bon nombre de nos activités communautaires. A l’égard des protestants, nos relations sont plus modestes mais sincères. Nous les sentons très demandeurs, et c’est réellement encourageant.
Quant aux musulmans, nous avons, je crois comme un peu partout en France, de grandes difficultés à communiquer et à échanger. Nous le voyons réellement lors de l’organisation de la venue du bus de l’AJMF du Rabbin Michel Serfati. Si le CRIF n’était pas organisateur, rien ne serait fait. Les musulmans ne veulent spontanément y venir.
Question : Vous entretiendrez des relations avec l’ensemble de la classe politique du département ? Pas d’exception ?
Réponse : J’entretiens actuellement, et même avant ma présidence, de bonnes relations avec l’ensemble des acteurs politiques locaux que je connais bien pour certains d’entre eux. C’est ainsi que je connais particulièrement bien : Jean-Luc Moudenc (maire majorité présidentielle) avec lequel j’étais à la faculté de Droit ; Gérard Folus (ancien adjoint au maire, Administrateur de Biens, Président de la LICRA Haute-Garonne, Vice-Président National de la LICRA, Vice-Président départemental de l’UDF MODEM) ; Elisabeth Husson (Présidente départemental de l’UDF MODEM) ; Jean-Pierre Plancarde (Sénateur PS) ; Yvette Benayoun Nacache (Ancienne députée PS et actuellement Conseillère Municipale PS de Toulouse, et Conseillère Régionale). Pour les dernières élections législatives, nous avons invités aussi bien les candidats UMP, PS ou UDF, que PC et Vert. Enfin, pour répondre à votre question, sachez que notre relation s’arrêtera à ces partis, et à eux seuls !
Question : Qu’aimeriez-vous dire pour terminer ?
Réponse : Pour terminer, j’indiquerai que nous manquons cruellement de moyens financiers. La course aux subventions a ses limites. Aussi, je crois sincèrement que le CRIF devrait nous allouer une enveloppe budgétaire.
Propos recueillis par Marc Knobel
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