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La rédaction de Charlie Hebdo avait été décimée par un attentat, le 7 janvier 2015. Tout le monde se souvient de cette horreur. Cette semaine, Riss, Directeur de publication de Charlie, rappelle sur Europe 1, que les menaces n’ont jamais vraiment cessé.
Depuis le début du mois de novembre, date de la parution du numéro de l’hebdomadaire satirique*, la rédaction fait face à de nombreux messages de haine et de menaces sur les réseaux sociaux.
La raison ? Cette Une titrée « Viol, la défense de Tariq Ramadan » montre l’islamologue suisse avec le sexe en érection, disant « Je suis le sixième pilier de l’islam ». Et certains vont même jusqu’aux menaces de mort, explique Marianne : « Moi fiché S ou pas, Charlie Hebdo ça va vite s’arrêter », ou encore « C’est pour quand le prochain attentat chez Charlie Hebdo s’il vous plaît ??? ». « Charlie Hebdo sont un tas de déchets, et s’il faut d’autres tueries pour le rappeler, je dis que ça ne nous ferait pas que du mal », écrit un autre internaute sur Twitter. Les menaces deviennent de plus en plus violentes.
Pour rappel : les menaces de 2016
Pour rappel et par exemple : une enquête pour "menaces de mort" avait été ouverte, en toute discrétion, par le parquet de Paris, le 22 juin, révélait Le Parisien dans son édition du 29 juin 2016 après la publication de plusieurs messages sur la page Facebook du journal satirique. Des messages, qualifiés de "très menaçants", laissant entendre que plusieurs membres de la rédaction allaient être, à nouveau, pris pour cibles.
Les auteurs de ces messages, postés sur la page officielle Facebook de "Charlie Hebdo" - et retirés depuis - ont clairement évoqué vouloir s'en prendre physiquement aux journalistes de l'hebdomadaire satirique. "Il y est notamment question de tuer, à nouveau, plusieurs membres de la rédaction", poursuit la même source au Parisien.
Mais au juste, Charlie, c’est..?
En somme, Charlie Hebdo, c'était/c’est tout ce qu'il détestait: un brin d'insolence, la liberté chérie, le Verbe, le questionnement, l'enquête, la dénonciation des abus et des malversations, des crimes, de la corruption, du fanatisme. Charlie interrogeait, malmenait quelquefois, mais pointait du doigt les incohérences, les folies, les mensonges. Charlie Hebdo parlait au monde et parce qu'il parlait, il fallait le faire taire définitivement.
Il faut croire, dans ces conditions, qu'il ne suffit pas pour les barbares que tant de journalistes aient été assassinés, puisqu'il en reste. Il ne suffit pas que le titre ait été la proie des flammes et des balles, pour que l'on veuille encore menacer la rédaction.
Au-delà de Charlie Hebdo et des menaces récentes dont il est encore l'objet, ce sont tous les journalistes libres qui sont menacés. Ce sont toutes les plumes que l'on veut briser, ce sont toutes les voix que l'on veut faire taire définitivement. Ce sont tous les souffles épris de liberté, d'égalité et de fraternité que l'on veut détruire, que l'on veut réduire au silence et/ou soumettre à tout jamais.
*Numéro du 1er novembre 2017