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Mais la mairie de Paris et le Crif ont publié des communiqués pour expliquer qu’il s’agit en fait d’un accident de la route.
Des dizaines de tombes juives ont-elles été «saccagées» dans le cimetière parisien de Pantin la semaine dernière ? Les faits remonteraient à la nuit du jeudi 23 au vendredi 24 mars. La source de l’information ? Le site Europe-Israel.org, qui se décrit comme un site de «soutien à Israël» et qui publie vendredi 24 mars un article titré : «Exclusif : des dizaines de tombes juives détruites et/ou vandalisées au cimetière parisien de Pantin !»
«Seuls les carrés juifs et les tombes juives ont été visés. On compte au moins 20 tombes détruites et/ou vandalisées, les pierres tombales cassées ou tombées à terre», s’alarme le site, laissant entendre qu’il peut s’agir d’une profanation. Dans la foulée, la rumeur est amplement relayée sur les réseaux sociaux et par le «média sioniste» JSS News. Des internautes s’agacent même du silence médiatique, tandis que seul Europe-Israel.org multiplie les articles sur ce qu’ils appellent rapidement «l’affaire».
Excès de vitesse
L’un de ces articles évoque une «version officielle», celle d’un chauffeur de camion de la mairie de Paris qui «aurait perdu le contrôle de son véhicule et aurait percuté les tombes». Mais elle est jugée peu crédible par le site, notamment en raison de la disposition des tombes détruites, qui «ne sont pas toutes tombées dans le même sens comme cela devrait l’être après un choc d’un véhicule». Des doutes largement partagés sur les réseaux sociaux, au point pour certains d’évoquer des «mensonges» de la part des autorités et une volonté de masquer une profanation antisémite.
Face à la polémique, les institutions juives de France ainsi que la mairie de Paris ont finalement publié plusieurs communiqués pour expliquer que la destruction des tombes était bel et bien le fait d’un accident (et d’un excès de vitesse). «Lundi 20 mars, une voiture conduite par un particulier dans une allée du cimetière de Pantin a refusé la priorité à un camion de la ville de Paris. Pour éviter une violente collision, l’agent municipal qui conduisait le camion a été contraint de faire sortir son véhicule de la route. Contournant les arbres qui bordaient la chaussée, il a heurté treize sépultures confessionnelles situées dans la 48e division, avant de marquer enfin l’arrêt», a ainsi détaillé la mairie de Paris dans un communiqué publié ce dimanche 26 mars. «L’enquête de police a d’une part confirmé la responsabilité du particulier et d’autre part permis de déterminer que le camion était en excès de vitesse. Les compagnies d’assurances ont été saisies et les constats réalisés», conclut la mairie.
«Délire digital»
De son côté, le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) a déploré le conspirationnisme qui s’est emparé des réseaux sociaux le temps d’un week-end. «Un simple fait divers, qui s’est produit lundi dernier et qui avait été traité comme tel toute la semaine, s’est transformé en délire digital pendant le week-end. […] Cela est riche d’enseignements. Nous apprenons comment un événement, certes regrettable mais banal, peut enfler en rumeur sur les réseaux sociaux», déplore dans un édito le président du Crif, qui s’est «entretenu avec la personne accidentée». Une version finalement relayée par Europe-Israel.org, qui se félicite au passage d’avoir été «à l’origine de cette affaire».
Publié dans Libération le 28 Mars 2017, lire la suite ici
Sur le même sujet : Pantin : Korsia et le CRIF s’émeuvent d’un climat de « méfiance » et « complotisme » Publié dans le Times Of Israel le 28 Mars 2017