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110 participants, de tous âges, se sont donnés rendez-vous tôt le matin à 6h30, à la gare de la Part-Dieu. Le groupe formé de jeunes d'horizons culturels et cultuels variés, jeunes accompagnés de parents et de professeurs, a accepté de consacrer un dimanche à la découverte voire redécouverte du mémorial et au partage, le temps de cette journée, d'un pan d’histoire française commune. Ainsi étaient participants les EEIF et leurs cadres, les élèves du Lycée professionnel Jacques Brel de Vénissieux, ceux du Lycée Notre-Dame de Bellegarde de Neuville-sur-Saône et leurs enseignants, ainsi que d’autres jeunes participants venus dans un cadre familial.
La plupart des participants, qui s’étaient déjà rencontrés au mois de mars pour visiter la Cité de l’immigration et le Mémorial de la Shoah à Paris, étaient heureux de se retrouver.
Après un accueil chaleureux autour d’un petit déjeuner, Nicole Bornstein a rappelé les objectifs de ce déplacement. Dinesh Teeluck, directeur adjoint du Mémorial a introduit la visite en rappelant que la veille avait été commémoré les 75 ans de la rafle des 44 enfants d’Izieu, dont 6 avaient été internés au camp des Milles en 1942. Il a ajouté que le jour de notre visite correspondait à la commémoration des 25 ans du génocide Tutsi au Rwanda. Dans son propos introductif devant une assistance attentive, il est revenu sur le mal-être de notre société qui se communautarise, qui se fracture dangereusement et dans laquelle « chaque individu diminue son ouverture à l’autre ». En expliquant l’objectif de cette visite, à savoir donner à réfléchir aux comportements humains, individuels et collectifs qui ont pu conduire nos sociétés au pire, il a invité les participants à se questionner sur le vivre ensemble. Au passage il fit remarquer que le groupe CRIF ARA était un exemple, le parfait témoin que vivre ensemble est possible.
Chacun des groupes harmonieusement mélangés formés pour la visite a suivi un médiateur pour déambuler dans ce camp où plus de 10 000 personnes dont des artistes allemands et autrichiens tels Bellmer ou Ernst, furent internées entre 1939 et 1942. A cette date, le camp devint l’antichambre de la mort de plus 2000 hommes, femmes et enfants juifs transférés par Vichy vers Drancy puis déportés à Auschwitz.
La force de cette visite est tangible dans la scénographie de ce mémorial qui fait de l’histoire de la première moitié du XXème siècle, la Première Guerre mondiale, la crise de 1929 etc., la matrice de la compréhension des haines qui gangrènent jusqu’à encore aujourd’hui nos sociétés.
Quelles leçons retenir ?
Chacun peut combattre et résister aux intolérances, à l’antisémitisme, au racisme, à l’homophobie qui s’infiltrent dans notre monde en perte de repères. Chacun à son niveau, à l’école, dans la rue, sur les réseaux sociaux, peut dire non à ces minorités agissantes qui minent l’opinion. Chacun a les moyens de refuser de se laisser porter par la majorité passive. Il suffit d’un geste, d’un mot pour dire NON !
L’après-midi, les groupes ont suivi un atelier pédagogique et interactif sur le thème du racisme, de l’antisémitisme et du harcèlement. Puis chacun a fini la journée avec émotion, d’abord en parcourant l’exposition permanente des FFDJF de Serge Klarsfeld consacrée aux 11 400 enfants juifs déportés de France, puis en étant sollicité pour s’exprimer, ensemble, sur l’intérêt de cette visite. Cet échange a permis à certains courageux de partager sans crainte, et sans filtre, avec tous les participants leurs expériences malheureuses en matière de racisme et/ou d'antisémitisme. L’émotion fut palpable dans le grand hall du mémorial.
Cette visite a permis à chacun de « voir pour comprendre » et de « comprendre pour agir ». C’est la force de ce lieu que de présenter les champs du possible d’un combat à mener ensemble pour vivre ensemble.
En guise de conclusion on pourra retenir les mots de Dinesh Teeluck : « On vit dans une époque formidable où toutes les opportunités s’offrent à nous. Nous avons des possibilités diverses et variées d’avancer ensemble. Mais la seule différence c’est que cela dépendra de nos comportements, de la manière dont on agira, quel que soient votre âge, votre religion, vos origines ».
Crif Auvergne Rhône -Alpes