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Hassan Diab, qui vit depuis 1990 au Canada, a fait appel de la demande d'extradition, , une requête qui sera examinée le 4 novembre prochain par la Cour d'appel d'Ottawa, la capitale. La décision de ce dernier tribunal sera alors sans appel
Ce jour-là, Corinne Adler, 13 ans, fête sa bat-mitsvah, la communion solennelle pour les jeunes filles dans la religion juive. En plein milieu d'une prière, une énorme déflagration fait s'écrouler la verrière de la synagogue sur Corinne et les quatre autres jeunes gens, une fille et trois garçons, qui célébraient avec elle leur communion ce jour-là. Le lieu de culte est bondé, entre 300 et 400 personnes s'y entassent. Après l'explosion, le grand-père de Corinne, qui a fait le trajet depuis Israël avec son épouse pour assister à la bat-mitsvah de sa petite-fille, se tourne vers son fils et lui lance ironiquement : « Pour voir cela, je n'avais pas besoin de venir jusqu'en France... ». Pendant six ans après l'attentat, Corinne et sa soeur, accompagnées d'autres jeunes gens, participeront à la sécurité de la synagogue, chargées entre autres de fouiller tous ceux qui y entrent et d'empêcher les fidèles de rester trop longtemps devant l'entrée de l'édifice après les offices religieux. De ces trente années écoulées depuis l'attentat, Corinne Adler, devenue depuis sage-femme, garde un « souvenir choquant, traumatisant, terrible et injuste à la fois ». « J'ai vécu sans oublier, dit-elle, et je souhaite à présent que justice soit faite ». Un an après l'attentat de la rue Copernic, un deuxième attentat du même commanditaire, en Belgique cette fois, touche la communauté juive d'Anvers. Un membre du groupe terroriste d'Abou Nidal y tue un Français de 15 ans, David Kohane. Dans ce dernier cas, les charges ont depuis été abandonnées par la justice belge en raison du délai de prescription.
Relancée en 2007 par le juge anti-terroriste Marc Trévidic, l'enquête a permis de remonter jusqu'à un certain Hassan Diab, ancien membre de l'Armée secrète arménienne, organisation basée à Beyrouth, elle-même liée au Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), le mouvement de Georges Habache. Le signalement du propriétaire de la moto stationnée devant la synagogue permettra d'identifier un puis deux hommes, le complice d'Hassan Diab, tous deux possesseurs de passeports chypriotes volés. Les analyses graphologiques de la fiche de l'hôtel où était descendu Diab, ainsi que le témoignage d'une prostituée avec laquelle il a passé la nuit, l'impliquent un peu plus. Des tampons de la police espagnole sur son passeport révèlent qu'il est entré sur le territoire français quelques jours avant l'attentat et en est sorti quelques jours après, le 7 octobre. Ses avocats contre-attaquent et accusent en représailles la France de procédure abusive. Pour sa défense, Hassan Diab prétend avoir un homonyme, le véritable auteur des faits, originaire comme lui du Liban. En 1982, en pleine guerre du Liban, lors de l'opération « Paix en Galilée », Micha Shagrir, qui a perdu sa femme dans l'attentat, Anisa, une journaliste israélienne, se retrouvera nez à nez avec le commanditaire, Selim Abou Salem, le chef du FPLP à l'époque. Capturé par les forces de sécurités israéliennes, ce dernier sera finalement relâché et quittera le Liban avec Yasser Arafat et les autres combattants de l'OLP.
Hassan Diab, qui vit depuis 1990 au Canada, a fait appel de la demande d'extradition le concernant, une requête qui sera examinée le 4 novembre prochain par la Cour d'appel d'Ottawa, la capitale. La décision de ce dernier tribunal sera alors sans appel, sans recours possibles. Avec les plaidoiries et le temps de la délibération, qui pourraient prendre jusqu'à trois semaines, les victimes devraient être fixées début décembre 2013.
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