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Il reste profondément marqué
C'était il y a deux mois et demi à peine. Et pourtant… qu'ils semblent déjà loin ces jours de mars. Quand la vie de Bryan Aaron Bijaoui était suspendue à un fil. Quand les médecins toulousains préparaient sa famille au pire… Car, aujourd'hui, l'Antibois de 15 ans, touché d'une balle à fragmentation en plein thorax, va mieux. Quatre à quatre, il gravit les marches de son rétablissement. Et la communauté juive azuréenne a pu s'en rendre compte lundi soir.
Pour la toute première fois depuis la tuerie de Mohamed Merah, le jeune miraculé est apparu en public, à l'occasion d'une soirée en hommage aux victimes, organisée au centre Jean-Kling de la place Masséna. Et c'est un garçon presque comme tout le monde qui a débarqué dans la grande salle occupée par plus de deux cents personnes. Bien campé sur ces deux jambes, le seul survivant de l'attaque de l'école Ozar-Hatorah de Toulouse a souri. Beaucoup.
Il a ri aussi. « Il a les mêmes délires qu'avant, témoigne son ami Ilan Choucroun. C'est incroyable comme il est fort dans cette épreuve. Tous ceux qui l'ont vu ce lundi, ont été émus de découvrir qu'il parvenait à se reconstruire si vite. » Symbole de ce rétablissement, Bryan ne s'est pas contenté de rire et embrasser ses amis, l'Antibois a aussi pris le micro.
Il chante ses nouveaux titres
Pour renouer avec sa passion : le rap. Accompagné de son ami Daniel (surnommé Rrifack) avec qui il a fondé le groupe « Les Légionnaires », Bryan alias Wack, a chanté plusieurs morceaux. Des anciens. Mais des nouveaux aussi. Car Bryan écrit beaucoup depuis son retour à Nice. « Il passe énormément de son temps à composer, confirme Ilan. C'est ce qu'il aime le plus faire. Ça lui permet de s'évader. Mais aussi de rendre hommage à ceux qui sont disparus. Avec Rrifack, ils envisagent d'ailleurs de sortir un album. »
Des soins tous les deux jours
Mais s'il fait face avec une dignité et un courage épatants à son histoire, son quotidien est encore profondément marqué par l'événement. Tout d'abord, il s'attache à rattraper son retard scolaire.
Bryan suit des cours intensifs à son domicile, afin d'être prêt à intégrer, en septembre, une classe de seconde dans le département. Le jeune homme reste aussi très suivi sur le plan médical. « Il a des soins presque tous les deux jours, signale l'avocat de sa famille Me Philippe Soussi. Il voit, notamment, un kiné respiratoire. Car il souffre toujours de ses poumons, perforés par la balle. »
Sur le plan psychologique, la reconstruction est plus difficile encore. Désormais, Bryan ne veut plus répondre aux médias. Il ne veut plus parler des événements. Trop dur. « Il reste profondément marqué. Aussi, il est aidé par un psychologue, reprend Me Soussi. Ce qui le fragilise le plus, ce n'est, d'ailleurs, pas tant sa personne. Mais les autres victimes. C'est très touchant. »
Source : Var Matin