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Publié le 17 Janvier 2020

Ça s'est passé aujourd'hui - 17 janvier 1945 : Arrestation de Raoul Wallenberg, diplomate suédois, Juste parmi les Nations

Il y a peut-être 1, 5, 10 ans ou encore un siècle tout juste, se produisait un événement marquant. Dans cette nouvelle rubrique intitulée « Ça s’est passé aujourd’hui », à l'image d'un éphéméride, le Crif revient sur quelques événements majeurs de l’Histoire date par date.

17 janvier 1945 : Raoul Wallenberg est arrêté par des soldats russes.

Ce diplomate suédois a sauvé des dizaines de milliers de Juifs de la Shoah, en les plaçant sous protection de la couronne suédoise.

 

Raoul Wallenberg nait en 1912 dans une célèbre famille aristocratique de banquiers. 

Après l’invasion de la Hongrie le 19 mars 1944, la légation suédoise lança une opération de sauvetage afin d’empêcher la déportation des Juifs vers les camps d’extermination. La légation suédoise à Budapest fit face à une pression énorme en raison du très grand nombre de Juifs qui sollicitaient une protection sous la forme d’un passeport ou d’un visa. Elle demanda la nomination d’un envoyé spécial dont la tâche principale serait de gérer les passeports. Raoul Wallenberg fut nommé premier secrétaire à l’ambassade de Suède à Budapest avec tous les privilèges diplomatiques.

Raoul Wallenberg arriva dans la capitale hongroise le 9 juillet 1944 avec la liste des Juifs qu’il devait aider et 650 passeports de protection destinés aux Juifs ayant des liens avec la Suède. Toutefois, il ne se limita pas à cela. Il commença à délivrer des milliers de sauf-conduits et à acheter des bâtiments qu’il faisait recouvrir du drapeau suédois et transformait ainsi en îlots extraterritoriaux où il abritait des Juifs pour mieux les protéger. (Le sauf-conduit autorisait son titulaire à se rendre en Suède ou dans n’importe quel autre des pays représentés par la Suède. Près de 4 500 Juifs possédaient un document de ce type, qui les protégeait de la menace des travaux forcés et les dispensait de porter l’étoile jaune.)

En octobre 1944, la situation se détériora brusquement à Budapest. Le parti fasciste des "Croix fléchées" s’empara du pouvoir et mit en place un régime basé sur la terreur. Des Juifs étaient abattus en pleine rue ; d’autres traînés jusqu’au Danube puis exécutés ou noyés dans l’eau glaciale du fleuve. Etant donné la gravité de la situation, il commença à délivrer des sauf-conduits sans distinction, en grand nombre, et fit placer trente-deux bâtiments ainsi que deux hôpitaux et une soupe populaire sous la protection de la Suède.

Raoul Wallenberg eut recours à des méthodes peu conventionnelles, incluant corruption et chantage, afin de financer et de faire fonctionner cette gigantesque opération de sauvetage. 

Le régime des Croix fléchées ayant été instauré, Adolf Eichmann revint à Budapest le 17 octobre 1944 et ordonna immédiatement la déportation des Juifs de la ville. Les sauf-conduits constituaient un entrave, mais le régime de "Croix fléchées" ne se souciait guère des questions de légalité et des documents officiels. 

Adolf Eichmann ordonna une « marche de la mort » de dizaines de milliers de personnes jusqu’à la frontière autrichienne. Raoul Wallenberg et les représentants d’autres pays neutres suivirent les marcheurs à bord de leurs véhicules, leur distribuant nourriture, vêtements et médicaments. Il parvint à arracher de nombreux Juifs à cette marche de la mort en affirmant qu’ils faisaient partie de ses « protégés » juifs et continua à distribuer des laissez-passer, même sous la menace.

Les méthodes audacieuses de Raoul Wallenberg lui firent courir de graves dangers mais jamais il n’envisagea de mettre un terme à ses activités. Il demeura à Budapest avec ses « protégés » juifs pendant le siège de la ville par les Soviétiques et menaça le commandant allemand et le chef des Croix fléchées afin de leur faire renoncer à leur projet de s’attaquer aux Juifs encore présents. « J’ai accepté cette mission et je ne pourrai jamais rentrer à Stockholm si je ne sais pas au fond de moi que j’ai fait tout ce qu’un homme pouvait faire pour sauver autant de Juifs que possible» avait-il déclaré à un de ses collègues de la légation suédoise.

Après l’entrée des Soviétiques dans la ville, Raoul Wallenberg fut emmené par des soldats russes. C’était le 17 janvier 1945. Il avait alors 32 ans et jamais on ne le revit.

Durant les premières années qui suivirent sa disparition, les Soviétiques prétendirent ne connaître personne du nom de Raoul Wallenberg. En 1956, les Soviétiques déclarèrent finalement qu’il était décédé en prison en 1947. Les circonstances de son arrestation et de son décès ou les raisons du refus du régime soviétique de révéler plus de détails sur ce qui était advenu de lui n’ont jamais été connues.

Le 26 novembre 1963, Yad Vashem décerna à Raoul Wallenberg le titre de Juste parmi les nations.

Tom Lantos, un juif sauvé par Raoul Wallenberg lui rendit hommage en ces mots : « Durant l’occupation nazie, ce jeune et héroïque diplomate délaissa le confort et la sécurité dont il jouissait à Stockholm pour voler au secours de ses frères humains dans l’enfer qu’était devenue la capitale hongroise. Il n’avait pas grand-chose en commun avec eux : il était luthérien, eux étaient Juifs, il était suédois, eux hongrois. Pourtant, faisant preuve d’un courage et d’une créativité hors du commun, il sauva la vie de dizaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants en les plaçant sous la protection de la couronne suédoise ».

Il est devenu l’une des figures les plus célèbres parmi les Justes des Nations.

Source : Yad Vashem